Ratan Tata reprend les commandes de Tata

Le plus grand conglomérat indien, Tata Sons, est à nouveau entre les mains du puissant industriel Ratan Tata, 78 ans, après l'éviction surprise de son PDG Cyrus Mistry.

Qu'est-ce que le Groupe Tata ?

Fondé par l'industriel parsi Jamsetji Tata en 1868, sous le règne colonial britannique, ce conglomérat familial tentaculaire est probablement le plus connu du pays, présent du sel à l'acier, actif dans plus de cent pays et pesant plus de cent milliards de dollars en Bourse.

Quelles sont ses principales activités?

Peu de secteurs ont échappé à son appétit, le groupe intervenant dans les produits de base, du sel au thé, mais aussi dans les montres, les voitures de luxe ou les hôtels cinq étoiles. Tata Sons est la maison-mère de Tata Group.

Parmi ses sociétés les plus emblématiques, Tata Motors, premier constructeur automobile indien, également propriétaire du britannique Jaguar Land Rover, le géant de la sous-traitance informatique Tata Consultancy Services, ou encore Tata Steel (acier), Tata Global beverages (agro-alimentaire) et Tata Chemicals (chimie). Le groupe est aussi présent dans les télécoms via sa société Tata Teleservices, tandis que sa chaîne d'hôtels gère le palace Taj Mahal de Bombay et d'autres établissements prestigieux.

L'empire Tata s'est étendu à travers la planète au cours des dernières années, grâce une frénésie d'acquisitions menant au rachat d'enseignes aussi célèbres que le britannique Tetley Tea ou le sidérurgiste anglo-néerlandais Corus.

Qui dirige le groupe ?

Ratan Tata sera en charge de l'intérim pour les quatre prochains mois. Ce septuagénaire discret dans les médias mène les recherches pour trouver un successeur à Mistry, dont il avait favorisé l'ascension il y a quatre ans.

Ratan Tata avait pris en 1991 les commandes d'un groupe qu'il a dirigé pendant 21 ans. Il est présenté comme celui qui a conduit l'expansion à l'étranger au cours des années 2000.

Chaque société du groupe a son autonomie de gestion et son propre conseil d'administration, responsable devant les actionnaires. Parmi leurs dirigeants les plus notables, Guenter Butschek dirige Tata Motors et Natarajan Chandrasekaran est à la tête de Tata Consultancy Services.

Quels sont les défis pour Tata ?

Comme bien d'autres sociétés, le groupe fait face aux vents contraires des incertitudes économiques mondiales, d'un marché des changes volatile et des fluctuations des matières premières. Son chiffre d'affaires a reculé de 4,6% au cours de l'année financière achevée en mars, alors que bon nombre de ses sociétés affrontent en plus des problèmes spécifiques.

Tata Steel en est le meilleur exemple car il peine à trouver un repreneur pour ses activités lourdement déficitaires au Royaume-Uni, où 15.000 de ses emplois sont menacés, tandis que Tata Consultancy Services voit ses profits se rétrécir, les clients réduisant leurs budgets.

Tata Motors subit aussi l'impact de la faiblesse des ventes de Jaguar Land Rover, tandis que le premier opérateur japonais de télécommunications mobiles, NTT Docomo, exige de Tata le versement d'un montant de 1,17 milliard de dollars à la suite d'un arbitrage international.

Quelles conséquences au changement de patron pour les activités anglaises ?

La réponse n'est pas facile à donner. Ratan Tata est clairement un anglophile attaché à ses investissements britanniques. Il a été de plus en plus incommodé par l'accent mis par Cyrus Mistry sur la cession des activités en perte et peiné par la mauvaise réputation faite à Tata du fait de l'incertitude pesant sur ses actifs sidérurgiques, selon les analystes.

Il pourrait être réticent à vendre ce qu'il avait acheté, ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour les salariés de la sidérurgie britannique. Mais en même temps, le changement de dirigeant pourrait entraîner plus d'incertitudes, alors que son prédécesseur rencontrait régulièrement les patrons anglais, en vue de trouver un accord financier.

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