Rallye : Ogier champion du monde, Toyota aussi

Le rallye est bien une spécialité française et, après neuf titres pour Loeb, Ogier obtient à l'expérience un sixième titre, de bon augure avant son retour chez Citroën.

« Quelle saison incroyable  ! Ça a été très serré, avec des hauts et des bas », s'est félicité Ogier, qui a dédié ce triomphe à son épouse, la présentatrice allemande Andrea Kaiser.

« Il n'y a pas si longtemps, on se disait que le titre serait dur à remporter, mais on n'a jamais baissé les bras », a-t-il affirmé aux côtés de son copilote Julien Ingrassia.

Le dénouement d'une des saisons les plus passionnantes depuis quinze ans était attendu par beaucoup lors de la 24e et dernière spéciale (ES24) de cette 13e et ultime manche. Mais la lutte pour le titre des pilotes a finalement rendu son verdict juste avant cette « Power Stage » et ses points bonus.

Le Belge de Hyundai, alors 8e, a abandonné dans l'ES22, une roue arrachée à la suite d'une sortie de route, puis l'Estonien de Toyota, 2e, l'a imité dans la spéciale suivante, sa transmission abîmée après un contact avec un arbre.

Le Français de M-Sport Ford, qui se contentait de conserver une 6e place synonyme de sacre même si Tänak s'imposait, a donc été titré entre deux spéciales, ce qui l'a empêché de pleinement savourer sur le moment, selon ses dires.

 

Gestion de course

La pluie tombée en abondance dans la nuit a transformé plusieurs sections des chemins en terre de Nouvelle-Galles-du-Sud en flaques de boue plus ou moins profondes, un revêtement très piégeux dont Ogier se méfiait énormément. Neuville et Tänak avaient, eux, déjà commis plusieurs erreurs avant de se retrouver éliminés de l'épreuve.

« Nous avons tout donné et on a pris des risques pour essayer de remporter le titre », a affirmé le Belge, qui, en septembre, se donnait « 75 % de chances » d'être champion.

Balayant la route vendredi, Ogier au contraire a été irréprochable, se permettant de gérer après la crevaison de Neuville. Capitalisant sur l'expérience de ces cinq précédents titres, il avait pressenti après son succès en janvier au Monte-Carlo que « la régularité » serait décisive en 2018. Une nouvelle fois, il n'est d'ailleurs pas le pilote qui a remporté le plus de spéciales durant la saison.

Le Gapençais a gagné trois rallyes lors des quatre premières manches, mais a traversé une période difficile lors des six épreuves suivantes. Début octobre, son succès en Grande-Bretagne, arraché en dépit d'une voiture pas vraiment au point, l'a complètement relancé car il s'en était beaucoup voulu de sa sortie de route en Turquie.

« C'est beaucoup d'émotion pour toute l'équipe », a expliqué son patron, Malcolm Wilson, les larmes aux yeux avant la dernière spéciale marquant la fin de deux ans de collaboration avec le Français. « Les voir revenir au sommet, c'est quelque chose d'incroyable que je n'oublierai jamais alors qu'ils étaient 3es au général après la Turquie », mi-septembre, a souligné l'Anglais, lui-même ancien pilote de rallye.

 

Quatre constructeurs en WRC

Chose quasiment impensable il y a six ans, Ogier se rapproche à grands pas des neuf titres de son compatriote Sébastien Loeb, conquis consécutivement entre 2004 et 2012 avec Citroën. La France a désormais remporté 16 titres mondiaux depuis celui du précurseur Didier Auriol en 1994. Il faut remonter à 2003 et au titre du Norvégien Petter Solberg pour trouver trace d'un lauréat non français.

De son côté, Toyota a conquis le titre des constructeurs, son premier depuis 1999. Grâce au succès de Latvala devant le Néo-Zélandais Hayden Paddon (Hyundai) et le Norvégien Mads Ostberg (Citroën), l'équipe dirigée par Tommi Mäkinen a battu Hyundai après une éclipse de dix-huit ans qui l'a vu revenir en WRC l'an passé.

Les cadres de la marque nippone, revenue en WRC l'an passé après dix-huit ans d'absence, arboraient des sourires ravis, contrairement à ceux du constructeur sud-coréen, bredouille après cinq ans de lourds investissements. Neuville, visiblement désemparé, est devenu pour la quatrième fois le dauphin d'Ogier, qu'il a très sportivement félicité.

Il espère enfin le battre l'an prochain alors que le Championnat du monde des rallyes vit actuellement un âge d'or avec quatre équipes disposant de voitures vraiment compétitives.

Et Ogier relèvera l'an prochain chez Citroën un nouveau défi : refaire gagner l'écurie française, sevrée de titres depuis 2012. Rendez-vous est pris dans deux mois sur ses terres au rallye de Monte-Carlo.

© 2018AFP