Rachat avorté de VW: les dirigeants de Porsche relaxés

La justice allemande a relaxé vendredi deux anciens dirigeants de Porsche, accusés de manipulation de cours de Bourse lors de la tentative avortée de rachat de Volkswagen en 2008.

Wendelin Wiedeking, ex-patron du constructeur automobile Porsche, et Holger Härter, ancien directeur financier, encouraient jusqu'à cinq années d'emprisonnement pour manipulation de cours de Bourse.

"Il n'y a pas eu de plan secret des prévenus ni de démentis mensongers dans les communiqués incriminés", a estimé dans un communiqué le tribunal de grande instance de Stuttgart (sud-ouest).

Il s'agit d'un camouflet pour le parquet, qui a échoué à prouver que les deux hommes avaient délibérément cherché à induire en erreur les investisseurs.

Le 26 octobre 2008, après des années d'augmentation progressive de sa participation au capital de son compatriote Volkswagen, beaucoup plus gros que lui, le stuttgartois Porsche avait créé la surprise en annonçant détenir 74,1% du capital et viser les 75% en 2009, se plaçant ainsi en position de contrôler entièrement le premier constructeur européen.

Or précédemment, entre mars et octobre 2008, Porsche avait démenti à plusieurs reprises, au moyen de plusieurs communiqués, toute intention de prendre le contrôle de Volkswagen, d'après le parquet. Il réclamait une peine d'emprisonnement d'un peu plus de deux ans pour MM. Wiedeking et Härter.

Le communiqué de Porsche d'octobre 2008 avait fait s'envoler vers des sommets inédits le titre Volkswagen en Bourse. L'action avait brièvement dépassé les 1.000 euros, entraînant de lourdes pertes chez certains investisseurs, notamment des fonds qui spéculaient sur une baisse du cours.

"Je suis très heureux que le tribunal ait aujourd'hui confirmé que toute la communication de Porsche concernant l'augmentation de sa participation dans Volkswagen a toujours été correcte et pertinente", a commenté l'ancien patron M. Wiedeking dans une réaction écrite obtenue par l'AFP.

"Ainsi se termine pour moi une période de presque sept ans de reproches et remontrances répétés et de suspicion publique", a-t-il ajouté.

Le parquet a encore la possibilité de se pourvoir en cassation.

La tentative de Porsche pour s'emparer de Volkswagen, en s'endettant massivement, avait finalement échoué et c'est au contraire Volkswagen qui pris le contrôle du constructeur Porsche, le sauvant de la faillite liée à ce surendettement.

Mais la holding Porsche SE, contrôlée par les familles Porsche et Piëch héritières de l'inventeur de la Coccinelle, est tout de même restée actionnaire majoritaire de Volkswagen. Elle en détient environ 52%.

Porsche SE a salué vendredi la décision du tribunal, qui a refusé de lui infliger une amende de 807 millions d'euros comme le demandait le parquet.

Dans cette affaire, le constructeur de la 911 a déjà fait face à plusieurs dizaines de plaintes d'investisseurs et à une cascade de procès, en Allemagne et aux Etats-Unis, avec plusieurs milliards d'euros à la clé, dans lesquels Porsche a toujours obtenu gain de cause jusqu'à maintenant. Des procédures civiles sont toujours en cours.

L'action Volkswagen a dévissé après l'éclatement en septembre dernier du scandale des moteurs diesel truqués. Le titre du champion européen de l'automobile, fragilisé, a perdu environ 28% depuis.

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