Qui est Thierry Bolloré, nouveau N°2 de Renault ?

Thierry Bolloré, désigné jeudi numéro deux du constructeur automobile français Renault, est un fin connaisseur de l'Asie, désormais considéré comme possible successeur de Carlos Ghosn à la tête du premier groupe automobile mondial, l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Ce Breton de 54 ans, jusqu'ici directeur délégué à la compétitivité, a, comme Carlos Ghosn, démarré chez le manufacturier de pneumatiques Michelin et connu une carrière très internationale exclusivement dans l'automobile, avec une longue expérience en Asie.

"Très rigoureux, très sérieux, mais en même temps chaleureux, il a des qualités de calme, d'analyse et il est pondéré", dit de lui un responsable du secteur automobile qui l'a cotoyé pendant plusieurs années au sein de l'équipementier Faurecia.

"Je pense que sa connaissance de l'Asie et ses aptitudes dans les relations avec les Japonais lui donnent un avantage dans la succession", ajoute cet ancien collègue qui assure avoir apprécié "sa droiture et sa loyauté".

Le développement commercial en Chine est une priorité de l'entreprise et la relation avec les partenaires japonais est cruciale. Renault possède 43,4% de Nissan, qui détient lui-même 15% de Renault et 34% de Mitsubishi, dont il est premier actionnaire.

L'alliance aux dix marques partage une large base industrielle commune et revendique depuis l'an dernier le rang de numéro Un mondial de l'automobile, avec 10,6 millions de véhicules vendus.

Préoccupé par l'avenir de cette alliance aux équilibres subtils, l'Etat français, actionnaire de Renault à hauteur de 15%, pressait Carlos Ghosn de désigner un numéro deux chez Renault, sans cacher qu'il souhaitait un Français appelé ultérieurement à lui succéder pour diriger l'ensemble franco-japonais.

La solution Thierry Bolloré, qui connaît bien l'alliance pour en être déjà administrateur, s'est finalement imposée. Cette place de numéro deux n'est cependant pas une garantie de devenir le numéro un de l'Alliance.

 

Passionné de voile

Marié, père de cinq enfants, cet homme grand, au physique solide, connaît bien l'outil industriel du groupe où il est arrivé en 2012 comme directeur des fabrications et de la chaîne logistique. Il a notamment eu en charge l'amélioration de la compétitivité des usines et la transformation numérique.

"C'est quelqu'un d'ouvert, de posé, à l'écoute et en même temps il sait prendre des positions" et il "accepte la critique", explique Franck Daoût, délégué central CFDT, troisième syndicat de Renault.

Chez Faurecia, à partir de 2005, il avait été vice-président pour l'Asie de la branche pots d'échappement, fonction basée en Chine, dans laquelle il a unifié des activités jusque-là éclatées. Puis, il a été vice-président monde en charge du marketing, de la R&D, de la stratégie et du développement. Il s'est plus tard occupé de l'industrie, de la qualité et des achats, peaufinant un profil de généraliste.

Originaire de Quimper, ce passionné de voile, cousin éloigné de l'industriel Vincent Bolloré, a commencé sa carrière en 1990 à Poitiers (centre-ouest de la France) comme chef d'atelier dans une usine de pneus pour poids lourds du groupe Michelin.

Repéré comme un fort potentiel, le titulaire d'un MBA de l'université Paris Dauphine a gravi rapidement les échelons. Après trois ans, il devient responsable procédés et qualité pour l'ensemble des usines poids lourds du monde, un poste qui le fait voyager régulièrement, notamment en Amérique du Sud et Amérique du Nord.

En 1997, il part au Japon comme assistant industriel à l'usine pneus tourismes d'Ohta, puis il est nommé en Thaïlande en 1998 où il dirige et développe les activités poids lourds et avion. "Ce passé chez Michelin a dû aussi taper dans l'oeil de Carlos Ghosn", qui a été très marqué par les 18 premières années de sa carrière au sein du manufacturier de Clermont-Ferrand, estime un expert du secteur.

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