Qualité de l'air: le CNPA veut des mesures "propres et inclusives"

Dans un communiqué publié le 24 octobre le Gouvernement rappelle les mesures qu’il a mises en place pour “améliorer durablement la qualité de l’air”, soulignant notamment un “effort sans précédent” pour l’accompagnement du renouvellement du parc automobile (plan de déploiement des bornes électriques, instauration de zones à faibles émissions, etc.).

Le CNPA salue la réduction conséquente de la pollution atmosphérique – avec une baisse de 54% des émissions d’oxyde d’azote en France entre 2000 et 2018 – qui bénéficie à la bonne santé de nos concitoyens, et tient à rappeler que les professionnels de la filière des services de l’automobile sont pleinement mobilisés pour accélérer et innover en faveur d’une mobilité qui soit à la fois propre et inclusive. Carburants sans plomb, filtres à particules fines, réforme du contrôle technique, sont autant d’évolutions initiées par la filière automobile qui ont contribué à l’amélioration de qualité de l’air. Les particules fines ont ainsi été divisées par 20 depuis 1950 selon le dernier bilan d’Airparif sur la qualité de l’air.

Il est indispensable de favoriser une autre vision du parc roulant, en promouvant des dispositifs nouveaux, tels que l’éco-entretien, dont l’objectif est d’accompagner les usagers vers une mobilité plus propre tout en préservant leur pouvoir d’achat.

Rappelons que 61 % des Français ne peuvent pas se passer de leur voiture pour leur mobilité au quotidien, notamment dans les territoires où il n’existe pas d’autres solutions de déplacement. Les alternatives à la voiture individuelle restent très souvent peu flexibles, et difficilement accessibles. Les politiques publiques ne sont aujourd’hui pas en phase avec la réalité des territoires et les attentes des Français, ces derniers continuant à promouvoir l’usage du véhicule thermique.

Les professionnels de l’automobile s’inquiètent de voir se développer de plus en plus de politiques publiques locales visant à réduire la congestion en milieu urbain qui, souvent présentées comme un choix courageux pour lutter contre une pollution, entraînent en fait une augmentation de la pollution de zones densément peuplées par la multiplication des phases d’accélération-freinage.

Le CNPA est convaincu que la mobilité ne peut être fondée sur l’exclusion sociale et/ou géographique, au risque d’accentuer les fractures entre les territoires et les Français. Il s’agit de promouvoir une diversité de solutions pour favoriser la mobilité des Français, plutôt qu’un seul type de motorisation ou de solution.

Face aux enjeux actuels, il est aussi crucial de développer une mobilité plus accessible pour tous, en s’appuyant sur des dispositifs incitatifs, et adaptés aux besoins et aux attentes des Français.

Alors que le Projet de loi de Finances 2020 est l’occasion de promouvoir des outils fiscaux permettant de favoriser la décision d’acquisition automobile tout en répondant aux impératifs écologiques et de mobilité propre, le CNPA regrette aujourd’hui un texte qui ne se donne pas les moyens d’une politique d’accompagnement de la transition écologique :

  • Les montants accordés au bonus automobile augmentent de 50 % par rapport à 2019, mais dans le même temps, les crédits soutenant la prime à la conversion diminuent d’un tiers, passant de 596 à 405 millions d’euros en 2020. Si le CNPA est conscient de la nécessité de maîtriser les finances publiques, la prime à la conversion est plébiscitée par les Français dans leur accès à la mobilité, avec plus de 250 000 aides accordées en 2018, et quasiment autant en 2019.
  • S’agissant des montants dédiés aux bonus, le CNPA alerte sur le risque de sous-utilisation de l’enveloppe budgétaire, au regard du coût d’achat très élevé des véhicules électriques d’une part, et d’un dispositif trop restrictif d’autre part, centré sur les véhicules 100% électriques. Pour permettre un réel démarrage de l’électromobilité qui profite à tous les Français, il conviendrait à tout le moins de maintenir les aides actuelles, avec des montants significatifs et de les élargir aux véhicules hybrides rechargeables, tout en ayant une véritable politique de déploiement massif de bornes de recharge électrique dans les territoires.
  • Les arbitrages budgétaires en matière de soutien à l’acquisition de véhicules propres sont donc, à ce stade, en décalage par rapport aux objectifs de verdissement du parc automobile.
  • Le durcissement du malus en 2020 et le manque de transparence sur l’affectation de ces recettes fiscales contribuent à accentuer le sentiment de présomption négative sur un secteur qui réalise de nombreux efforts pour atteindre les objectifs environnementaux ambitieux fixés au niveau européen et français.

Dans un contexte de surenchère autour des questions climatiques en général et de la pollution atmosphérique en particulier, le CNPA souligne la nécessité d’avoir un débat d’experts apaisé, notamment sur les questions automobile, qui permette de se projeter pour déterminer les solutions acceptables, en tenant compte des attentes et des besoins des Français, des contraintes d’une industrie confrontée à une compétition mondiale très pressante, et du caractère massif de la transformation à opérer.

Face aux complexités technologiques et réglementaires qui plongent les consommateurs dans le doute quant aux choix énergétiques à opérer, il est primordial de concevoir collectivement, acteurs de la filière et pouvoirs publics réunis, une communication qui respecte le principe de neutralité technologique et énergétique. Il s’agit un enjeu majeur pour maintenir la liberté de déplacement des Français.

 

> À propos du CNPA

Le Conseil National des Professions de l’Automobile représente la 5ème branche économique de France avec 140 000 entreprises de proximité et 500 000 emplois non délocalisables. Le CNPA défend l’intérêt général des services de l’automobile en animant une dynamique de filière et en développant une approche prospective sur des thèmes communs à tous les métiers de la mobilité tels que l’activité économique, l’emploi, les nouvelles technologies, le développement durable ou encore l’économie circulaire.