PSA/Opel: Carlos Tavares rassure le Royaume-Uni

Le patron du groupe automobile français PSA, qui négocie le rachat de la division européenne de General Motors (GM), a marqué des points au Royaume-Uni en rassurant gouvernement et syndicat sur l'avenir des sites britanniques.

Quelques jours après un entretien téléphonique avec la Première ministre Theresa May, Carlos Tavares s'est rendu à Londres vendredi pour rencontrer Len McCluskey, le secrétaire général du syndicat Unite, et le ministre des Entreprises Greg Clark.

Sa visite s'inscrit dans le cadre d'une tournée auprès des responsables politiques et syndicaux en Allemagne, au Royaume-Uni et en France, trois pays concernés par l'opération d'acquisition d'Opel et Vauxhall (marques européennes de GM) en cours de négociation.

M. Tavares, qui s'est employé à donner des gages aux Britanniques, a reçu un accueil plutôt positif.

"La rencontre a été rassurante. Nous avons discuté de l'approche de PSA qui est de renforcer sa part de marché et d'augmenter la production plutôt que de fermer des usines", a déclaré le ministre Greg Clark.

"J'ai eu l'assurance que les engagement envers les usines seront respectés", ainsi que sur le fonds de retraite de Vauxhall, sujet toujours sensible dans l'industrie britannique, a ajouté M. Clark.

Le communiqué du ministre ne fait en revanche aucune mention d'un quelconque accord avec PSA, alors que le Financial Times expliquait récemment que M. Clark s'était déjà rendu à Paris pour offrir à PSA des assurances similaires à celles données au constructeur japonais Nissan par rapport au Brexit à venir.

Le constructeur japonais s'était engagé en octobre à continuer à investir sur son site de Sunderland (nord de l'Angleterre) après avoir obtenu des garanties du gouvernement, alors que l'industrie britannique pourrait souffrir d'un Brexit qui doit se traduire par une sortie du marché unique européen.

Un peu plus tôt dans la journée de vendredi, M. Tavares s'est entretenu avec Len McCluskey du syndicat Unite lequel a jugé "relativement positive" sa première rencontre avec le patron de PSA.

Ce dernier "a donné des assurances selon lesquelles les engagements de production actuelle serait respectés au cas où le rachat de PSA irait de l'avant", a souligné le syndicaliste.

- Le Brexit en filigrane -

"Il était aussi encourageant d'entendre que le groupe PSA veut travailler avec Unite et reconnaît les qualités et l'efficacité de nos membres" qui fabriquent la voiture compacte Astra et le véhicule utilitaire Vivaro, a ajouté le syndicaliste.

Le syndicat avait fait part de ses craintes la semaine dernière, en prévenant qu'il n'accepterait aucune perte d'emplois ni fermeture d'usines, alors que Vauxhall compte près de 5.000 employés directs au Royaume-Uni, notamment sur deux sites industriels à Ellesmere Port, dans le nord-ouest de l'Angleterre, et Luton, au nord de Londres.

Lors de cette rencontre avec Unite, M. Tavares "a répété son engagement à mener ce dialogue conformément aux accords existants et à l'approche éthique du groupe PSA", a indiqué l'entreprise française dans un communiqué, son patron insistant aussi sur la "maturité" du dialogue social au sein de son entreprise.

Le comité européen d'entreprise d'Opel-Vauxhall a d'ailleurs noté de son côté qu'il "appréciait beaucoup l'engagement clair de PSA" pour respecter les accords existants dans les pays européens où il est présent.

M. Tavares s'était déjà entretenu mercredi avec la Première ministre Theresa May qui, selon un porte-parole de Downing Street, avait insisté sur "l'importance que le Royaume-Uni accorde aux usines de Vauxhall", le nom sous lequel les voitures Opel sont vendues outre-Manche, sur son territoire.

Comme à Theresa May, M. Tavares a affirmé à M. McCluskey qu'il souhaitait "développer davantage la marque emblématique Vauxhall" qui "fait partie de l'héritage du secteur automobile britannique", indique PSA.

Le chef d'entreprise avait dit jeudi vouloir créer un "champion européen" de l'automobile avec le rachat des activités européennes de GM, en déficit chronique depuis 16 ans et qui sont restées dans le rouge en 2016 en raison des premières conséquences du vote de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, alias "Brexit".

PSA n'a pas fait explicitement mention vendredi de cette situation qui risque de rebattre les cartes pour une industrie automobile britannique dépendante des importations et exportations vers le continent.

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