PSA Sochaux bloquée par les gilets jaunes

Au cinquième jour de manifestations, il ne reste que quelques points de blocage. Les regards se tournent maintenant vers la journée de samedi. L'usine PSA Sochaux est à l'arrêt par manque de composants.

Une poignée de barrages et des interrogations : quelques blocages de dépôts pétroliers et d'axes routiers subsistaient mercredi matin, au cinquième jour de la mobilisation des Gilets jaunes, qui semble marquer le pas avant un rendez-vous fixé samedi à Paris. La situation reste, en revanche, tendue à La Réunion, théâtre d'une nouvelle nuit de violences émaillée de jets de projectiles et de cocktails Molotov sur les forces de l'ordre et parfois de tentatives de pillage de commerces. Seize gendarmes et policiers ont été blessés, dont un qui a eu la main arrachée par l'explosion accidentelle d'une grenade dans son véhicule, et 38 personnes ont été interpellées, a indiqué à l'Agence France-Presse la préfecture.

 

L'usine PSA de Sochaux bloquée

L'usine PSA de Sochaux (Doubs) ne pouvait pas produire de voitures mercredi après-midi en raison des blocages de certaines pièces dans le sud-ouest de la France par des barrages mis en place par les Gilets jaunes, a-t-on appris auprès de la direction. Les lignes de montage des Peugeot 308, 3008 et du Grandland d'Opel seront complètement à l'arrêt, car elles ne pourront pas être fournies en pièces en provenance de fournisseurs basés en Espagne, a indiqué la direction. Les camions transportant ces pièces sont bloqués par des barrages « entre Bordeaux et Guéret », a précisé un porte-parole du site. Selon la direction il s'agit de pièces pour le ferrage et de batteries. Les amortisseurs sont également concernés, selon le syndicat FO.

Au total, ce sont 900 véhicules qui ne seront pas produits mercredi après-midi et 1 600 salariés seront en arrêt forcé, a complété le porte-parole. L'usine de Sochaux avait affrété un avion pour acheminer des pièces, qui lui ont permis d'avoir une activité normale dans la nuit de mardi à mercredi, mais désormais le nombre de pièces manquantes est trop important pour continuer à produire, a précisé la direction. Une importante incertitude persiste sur une éventuelle reprise du travail la nuit prochaine, ajoute-t-on de source syndicale. Le site de Sochaux lui-même, en revanche, n'est pas bloqué à ses entrées par les gilets jaunes, a souligné la direction.

 

Quelles suites pour le mouvement

Deux personnes ont trouvé la mort – un motard décédé mardi après une collision la veille avec une camionnette qui tentait d'éviter un barrage dans la Drôme et une femme manifestante renversée par une automobiliste samedi en Savoie –, 552 ont été blessées, auxquelles s'ajoutent 95 blessés parmi les forces de l'ordre, selon le ministère. Six personnes ont été arrêtées dans la nuit de lundi à mardi pour des jets de projectiles sur les forces de l'ordre à Langueux (Côtes-d'Armor). Au péage de Virsac, des manifestants « ont saccagé et mis le feu aux installations », selon Vinci Autoroutes. Christophe Castaner s'est alarmé d'une « dérive totale » du mouvement et d'une « radicalisation ». « Nous avons face à nous des militants qui ont de plus en plus envie d'en découdre avec les forces de l'ordre et avec des automobilistes », a insisté mardi soir son secrétaire d'État, Laurent Nuñez. « On est déterminés et on restera. On sera les derniers à Calais, mais on tient bon », a affirmé à l'Agence France-Presse Romuald, âgé d'une vingtaine d'années, participant à une action mercredi matin sur l'A16.

Mais, sur les barrages, certains s'interrogent : faut-il continuer à bloquer coûte que coûte ou se concentrer sur « l'acte II » du mouvement, une manifestation nationale samedi à Paris ? Des appels à un grand rassemblement place de la Concorde circulent. Plus de 30 000 personnes se sont déclarées « participantes » à cet événement créé sur Facebook, et près de 200 000 sont « intéressées ». Cette manifestation ne sera pas interdite, mais elle ne pourra pas se tenir sur la place de la Concorde pour des raisons de sécurité, a assuré Laurent Nuñez, répétant l'appel à déclarer cette manifestation auprès de la préfecture de police pour trouver un lieu « plus sécure ». Plusieurs leaders politiques entendent se joindre à cette journée. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a indiqué que ses militants y participeraient. Le député du Rassemblement national (RN, ex-FN) Gilbert Collard y sera. Du côté syndical, seule la fédération FO des transports et de la logistique a appelé à se joindre aux Gilets jaunes pour obtenir une « augmentation du pouvoir d'achat ».

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