PSA reprend une route des Indes qu'il espère fructueuse

PSA va reprendre la route des Indes: le constructeur français a annoncé mercredi avoir fondé deux co-entreprises de véhicules et de moteurs pour prendre position sur un marché automobile de taille encore modeste mais à fort potentiel.

A l'horizon 2020, le groupe souhaite se doter d'une capacité initiale de fabrication de 100.000 véhicules par an, en coopération avec le conglomérat local CK Birla qui investira avec lui près de 100 millions d'euros dans ce projet, a indiqué le président du directoire Carlos Tavares.

Leurs co-entreprises fabriqueront respectivement des véhicules et des moteurs dans l'Etat du Tamil Nadu (sud) dont la capitale est Chennai. PSA détiendra quelque 80% de la joint-venture qui assemblera et distribuera des voitures particulières du groupe français en Inde, tandis que celle de moteurs sera détenue à part égale avec son partenaire.

Evoquant lors d'une conférence de presse un marché automobile indien "entre huit et dix millions d'unités d'ici à 2025, contre environ trois millions en 2016", M. Tavares a dit penser qu'"il y a des opportunités de croissance à saisir" pour son entreprise dans le pays.

Il s'agit pour PSA d'une nouvelle étape dans l'application de son plan stratégique "Push to pass" qui vise à placer le groupe sur la voie de la "croissance rentable", notamment en étendant son empreinte géographique. De nouvelles implantations au Maroc et en Iran ont été annoncées respectivement en 2015 et 2016.

"Si on veut être un acteur mondial, on ne peut pas être absent" du deuxième pays le plus peuplé de la planète, a remarqué le dirigeant d'entreprise. PSA n'a pas encore décidé quel modèle précis de sa gamme serait fabriqué dans l'usine indienne, qui existe déjà et produit des 4x4 Mitsubishi.

Le patron de PSA n'envisage pas forcément de suivre la voie de Renault qui a percé en Inde l'année dernière avec sa petite voiture à très bas coût Kwid, justement fabriquée à Chennai, a-t-il souligné: "nous ne sommes pas dans une quête absolue des volumes".

 

Moteurs pour d'autres constructeurs

Une prudence qui explique la relative modestie de l'investissement initial de l'entreprise française, environ les deux tiers des 100 millions d'euros annoncés mercredi. Cela n'exclut pas de monter en cadence si le marché se développe, a remarqué son patron.

Pour rentabiliser les installations, M. Tavares s'est en revanche dit "partisan et désireux de vendre des moteurs et des boîtes à des [constructeurs] tiers" dans le pays, et a souligné que le taux de pièces produites localement serait "extrêmement élevé" pour répondre à la "très forte pression sur les prix".

Chandra Kant Birla, président du groupe qui porte son nom, s'est dit pour sa part persuadé que "ce partenariat va renforcer PSA et jouer un rôle-clé dans la croissance future de l'entreprise".

Il a assuré lors de la même conférence de presse que sa société apporterait "une expertise dans l'ingénierie et la fabrication des automobiles et des pièces", ainsi que la connaissance du marché indien.

Au milieu des années 1990, PSA avait assemblé des Peugeot 309 dans le cadre d'un partenariat avec la société indienne PAL. Les ventes n'étant pas au rendez-vous, il avait fini par jeter l'éponge et se retirer en 1997. Des projets de retour avaient avorté il y a cinq ans, au moment où le constructeur traversait une très grave crise.

Le taux de motorisation en Inde reste faible, à 22 véhicules pour 1.000 habitants en 2014, soit 30 fois moins qu'en Europe occidentale. La croissance des ventes, bridée notamment par des infrastructures insuffisantes, est encore loin d'atteindre celle qu'a connue la Chine, devenu premier marché mondial en l'espace de 20 ans.

Conglomérat industriel siégeant à New Delhi, tenu par une famille issue de la communauté marchande du Rajasthan, CK Birla est notamment présent dans le secteur de la construction ainsi que la production d'engins mécaniques et de pièces détachées.

Employant 20.000 personnes, le groupe revendique sur son site internet un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de dollars, à mettre en rapport avec l'activité de PSA en 2015 (56,3 milliards d'euros).

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