PSA perquisitionné par la répression des fraudes

PSA a été perquisitionné jeudi par la répression des fraudes qui enquête sur des "anomalies" d'émissions polluantes de trois véhicules testés dans la foulée du scandale Volkswagen. Le premier groupe automobile français a affirmé qu'il collaborait "pleinement" et se dit confiant.

"Les services de la DGCCRF interviennent depuis ce matin auprès de cinq établissements du groupe PSA (St Ouen, Vélizy, La Garenne-Colombes, Carrières-sous-Poissy et Montbéliard", a indiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dans un communiqué.

Selon ce service qui dépend du ministère de l'Economie, ces perquisitions ont été décidées après que des tests réalisés à la demande du gouvernement après le scandale des moteurs diesel truqués de Volkswagen eurent "fait apparaître des anomalies en termes d'émission d'oxyde d'azote sur trois véhicules" du groupe PSA.

Cette opération "ne préjuge en rien des conclusions de l'enquête qui est menée dans le cadre des procédures usuelles", a souligné la DGCCRF.

PSA avait pris les devants en début de soirée en annonçant lui-même ces perquisitions. "Dans le cadre des enquêtes menées actuellement sur les émissions polluantes du secteur automobile, PSA a fait l'objet ce jour d'une opération de visite et de saisie de la DGCCRF", a indiqué l'entreprise (marques Peugeot, Citroën et DS).

"PSA confirme la conformité de ses véhicules en matière d'émission de polluants dans tous les pays où il opère. Confiant dans ses technologies, PSA collabore pleinement avec les autorités compétentes", a assuré l'entreprise.

Dans un entretien téléphonique à l'AFP, le patron de la recherche et développement du groupe PSA, Gilles Le Borgne, a indiqué que "les ordinateurs et les portables d'un certain nombre de (ses) collaborateurs ont été pris et normalement devraient être rendus demain". "On est complètement transparents (...) on va évidemment collaborer au maximum et communiquer l'ensemble des éléments qui sont demandés", a-t-il ajouté.

La commission indépendante mise en place par la ministre de l'Environnement Ségolène Royal peu après le début du scandale Volkswagen, qui a éclaté à la mi-septembre 2015, a publié début avril une deuxième vague de tests d'émissions polluantes, portant à 52 le nombre total de véhicules diesel testés sur un objectif de 100.

 

"Bons résultats" aux tests, dit PSA

Ces tests avaient notamment confirmé des dépassements de normes d'oxydes d'azote (NOx) allant parfois de cinq à dix fois la norme.

Les constructeurs ayant fait le choix d'un système de dépollution avec le piège à NOx étaient toutefois moins performants que ceux qui utilisaient la technique SCR pour réduire les émissions de NOx par injection d'urée.

Or, PSA a rappelé jeudi qu'il avait déployé le SCR "progressivement à partir de fin 2013 sur tous les véhicules diesel Euro6 du groupe". 

"Clairement, on ne s'attendait pas à une telle visite, parce que les résultats que nous avons sont de bons résultats", a insisté M. Le Borgne.

La fraude de Volkswagen a provoqué une onde de choc dans tout le secteur automobile. En Europe, elle a contribué à mettre en lumière les disparités entre les normes d'homologation actuelles et les émissions en conditions réelles d'utilisation.

L'opération de la DGCCRF intervient trois mois après celle menée chez Renault dans le même cadre.

Renault, qui a recours au piège à NOx, avait vu son titre fortement malmené en Bourse à la suite de l'annonce de ces perquisitions d'abord données de source syndicale.

Depuis, Renault a annoncé qu'il allait réduire les émissions de NOx via des évolutions techniques appliquées sur ses véhicules en usine à partir du mois de juillet.

Les syndicats de PSA ont manifesté leur sérénité jeudi soir. Pour Christian Lafaye (FO), les résultats de ces perquisitions vont "tomber d'ici demain matin". "On est très confiants, cela n'a pas l'air d'inquiéter la direction", a-t-il ajouté, en saluant le fait que les organisations syndicales aient été informées dans la journée par la direction.

Même son de cloche chez Jacques Mazzolini (CFE-CGC), qui s'est lui aussi dit "confiant". Ces perquisitions vont "permettre que la vérité émerge plutôt que les doutes subsistent, qu'on ne dise pas que chez PSA c'est comme ailleurs"

"L'entreprise pourra être récompensée des efforts que d'autres n'ont pas faits", a-t-il avancé.

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