PSA Hordain: moins de salariés polonais que prévu, les syndicats mitigés

Un "grand recul" de la direction pour FO mais des salariés transformés en "nomades de l'industrie" pour la CGT : pour répondre à une "forte activité industrielle", l'usine PSA d'Hordain (Nord) va créer une équipe supplémentaire composée certes majoritairement d'intérimaires, mais qui comprendra finalement bien au moins 124 salariés polonais.

La direction souhaitait au départ que cette troisième équipe de quelque 530 personnes soit composée quasi-intégralement de salariés étrangers, majoritairement polonais, ce qui avait provoqué l'ire des syndicats et poussé le gouvernement à mettre la pression sur le constructeur automobile pour revoir sa copie.

Cette équipe "avait été initialement pensée avec un esprit de solidarité en offrant la possibilité aux salariés volontaires des sites qui sont sans activité de venir nous prêter main forte", a expliqué à l'AFP Luc Samsoen, directeur des ressources humaines du site d'Hordain, à l'issue d'un CSE extraordinaire lundi sur le site.

Selon le DRH, l'usine polonaise de Gliwice, où est produite l'Opel Astra mais qui est en activé partielle, avait ainsi dit pouvoir "prêter" jusqu'à 400 salariés.

"Il s'est trouvé que cette position a entraîné une certaine émotion, nous avons entendu cette émotion et donc nous avons travaillé à une solution alternative", a affirmé M. Samsoen.

Finalement, cette nouvelle équipe, qui doit être complètement opérationnelle mi-juillet, sera donc composée de 124 salariés venant de Gliwice (Pologne), de 235 intérimaires et de 174 autres personnes, venant soit d'usines européennes, soit relevant du personnel intérimaire.

Au total, l'usine comptera donc 2.500 salariés dont 5% de travailleurs provenant d'usines européennes, a précisé la direction.

Ce dispositif visant à répondre aux commandes en véhicules utilitaires devrait fonctionner ainsi trois mois en attendant "davantage de visibilité" sur sa pérennité qui dépendra "de la poursuite du succès commercial".

 

"Nomades de l'industrie"

Les ministres du Travail et de l'Economie, Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire, avaient demandé vendredi soir à PSA "d'embaucher en priorité les intérimaires" et de "renoncer" à son projet.

Après un échange téléphonique entre Bruno Le Maire et le numéro un de PSA Carlos Tavares, le groupe automobile avait finalement annoncé samedi avoir fait machine arrière sans pour autant donner de précisions chiffrées.

Frédéric Jarosset, délégué FO, a salué lundi "un grand recul de la direction". "Ce que nous voulons, c'est que nos intérimaires soient pris en priorité et c'est ce qui a été fait."

D'après lui, au départ, cette troisième équipe devait être composée intégralement de salariés étrangers venant de Pologne, mais aussi d'Espagne.

Le sujet de la mobilité entre les usines "nous inquiète", mais "on se dit aussi que si PSA Hordain venait à ne plus avoir de travail, si on proposait aux salariés d'aller travailler trois ou six mois dans une autre entreprise au lieu d'avoir du chômage, c'est la meilleure des choses, mais il ne faut pas que ça devienne une habitude", a-t-il affirmé.

Un sujet qui inquiète bien davantage la CGT: "PSA veut faire en sorte que l'ouvrier travaille là où la direction a décidé. Aujourd'hui, ce sont des travailleurs de Gliwice en Pologne, demain ce seront les travailleurs de PSA Hordain qui seront sollicités pour travailler sur n'importe quel site en France ou en Europe", a dénoncé Franck Théry, secrétaire général de la CGT PSA d'Hordain.

"Il faut faire en sorte que tout le monde travaille là où il habite. La direction dit qu'il manque 531 personnes à PSA Hordain, donc on doit embaucher 531 personnes en intérim en France. Vu le taux de chômage dans la région, il y a les ressources nécessaires !", a lancé M. Théry, dénonçant la transformation des travailleurs en "nomades de l'industrie".

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