PSA: grogne sur les conditions de travail et les salaires

Plusieurs syndicats de PSA réclament une amélioration des conditions de travail et des rémunérations, en dénonçant au sein du constructeur automobile français une quête de la performance coûteuse sur le plan humain.

"L'ambiance est très lourde, nous sommes devenus une entreprise où seulement compte la performance économique", s'inquiète Franck Don, de la CFTC (5e syndicat), auprès de l'AFP.

"Il est temps de lancer un signal d'alarme" car "au point de vue humain, on fonce dans le mur", un constat qui concerne "autant les cadres que les ouvriers", selon lui.

"En terme de marge et de bénéfice, on est parmi les meilleurs de la classe mais on nous demande de faire toujours plus avec toujours moins d'effectifs", déplore également Benoît Finet, du même syndicat réformiste.

La CFTC, qui a accompagné les mesures prises par la direction ces dernières années pour redresser PSA, juge que les salariés doivent maintenant être "récompensés de leurs efforts".

M. Don demande "un break sur une année" dans les efforts demandés aux salariés, "avec un intéressement fort et de meilleures conditions de travail".

PSA a dégagé un bénéfice net record en 2017, un dynamisme qui s'est confirmé au premier semestre 2018. Le constructeur a versé à ses salariés une prime d'intéressement minimum de 2.400 euros au titre de l'an dernier.

Jean-Pierre Mercier, de la CGT (2e syndicat), observe lui aussi un "vrai mécontentement parmi les salariés". Les sujets d'insatisfaction sont nombreux: "un sous-effectif permanent sur les chaînes de production, une charge de travail qui explose, une explosion de la précarité avec de plus en plus d'intérimaires en production, de la fatigue accumulée...", énumère-t-il.

"Derrière, il n'y a aucune compensation financière", déplore M. Mercier. Pour lui, la prime d'intéressement ne fait pas le poids face à l'augmentation du coût de la vie. Lors des négociations salariales prévues en janvier prochain, la CGT demandera une hausse générale des salaires de 400 euros net par mois.

La CFDT, 4e syndicat chez PSA, a de son côté jugé récemment dans un tract la situation "grave", regrettant "une qualité de vie au travail qui se dégrade".

Contacté par l'AFP, un porte-parole de PSA a souligné que "depuis le redressement du groupe en 2014-2015, c'est un milliard d'euros qui a été reversé aux salariés du groupe, soit autant qu'aux actionnaires".

"Beaucoup de tensions entourent actuellement l'industrie automobile", a-t-il indiqué, citant le retrait forcé d'Iran pour PSA et les contraintes sur les émissions de CO2, "tensions qui créent beaucoup de préoccupations chez les salariés". "Seules les entreprises agiles pourront survivre", a-t-il conclu.

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