PSA: 1er bénéfice net en 5 ans, retour de l'interessement

Deux ans après avoir frôlé la faillite, PSA Peugeot Citroën a annoncé mercredi qu'il avait renoué avec les bénéfices en 2015 et allait verser à ses salariés une prime d'intéressement de 2.000 euros en moyenne.

Le groupe automobile français a dégagé un bénéfice net de 1,2 milliard d'euros l'année dernière, un résultat positif pour la première fois depuis 2010. Son chiffre d'affaires a atteint 56,3 milliards d'euros (+5,7%).

PSA va verser une prime d'intéressement de 2.000 euros en moyenne par salarié, a indiqué son président du directoire Carlos Tavares en félicitant les employés "pour avoir réussi à sortir l'entreprise de l'ornière". Les actionnaires devront en revanche attendre l'année prochaine pour toucher d'éventuels dividendes.

"Nous avons reconstruit les fondamentaux économiques" de PSA, a ajouté M. Tavares lors d'une conférence de presse, en mentionnant en particulier une marge opérationnelle de sa division automobile de 5% alors que la société visait 2% à l'horizon 2018.

PSA, avec ses marques Peugeot, Citroën et DS, est le premier groupe automobile français en termes d'unités produites: 2,97 millions l'année dernière, dont un tiers en France.

Mais le groupe, acculé par la crise de l'automobile européenne en 2008-2013, s'était retrouvé début 2014 au bord du dépôt de bilan et n'avait dû son salut qu'à l'intervention de l'État français et de la société automobile chinoise Dongfeng, tous deux entrés au capital à hauteur de 14%.

M. Tavares avait été nommé à la présidence du directoire de PSA avec la mission de remettre ce fleuron industriel sur la voie de la rentabilité en suivant un plan baptisé "Back in the race" ("de retour dans la course") censé s'étaler jusqu'en 2017.

Ce plan s'était traduit par des réductions de frais via notamment des efforts demandés aux salariés, une simplification des gammes et même des cessions (scooters, club FC Sochaux...).

 

Nombreuses nouveautés promises

Témoin d'une rentabilité améliorée, le "point mort", le nombre de véhicules devant être vendus pour couvrir les frais fixes, est passé à 1,6 million d'unités l'année dernière contre 2,6 millions en 2013. Le taux d'utilisation des usines européennes se rapproche désormais de 90%, selon M. Tavares.

Ces "excellents" résultats redonnent "le sourire" aux salariés comme aux organisations syndicales signataires du contrat de compétitivité de 2013, "un des éléments structurants" du redressement, a réagi Jacques Mazzolini (CFE-CGC).

Beaucoup plus critique, la CGT a affirmé que ces résultats avaient été obtenus "avec la peau des salariés", évoquant "17.000 emplois supprimés en trois ans, pour une production en augmentation". Le syndicat a en outre estimé que "la direction se sert de cette prime pour continuer le blocage des salaires".

Pour cette année, PSA a dit s'attendre à un marché automobile en hausse "de l'ordre de +2% en Europe et de +5% en Chine, et à un marché en baisse d'environ -10% en Amérique latine et de -15% en Russie".

M. Tavares a fait montre de prudence pour l'année en cours, évoquant de possibles "vents contraires". Mais il s'est dit confiant dans la capacité de son groupe, "devenu beaucoup plus agile", à y faire face. Et il a promis un "blitz" de nouveautés: "pas moins de 28 nouveaux produits" en Europe dans les six ans à venir.

Prochaine étape, la société présentera le 5 avril un "plan stratégique de croissance rentable" baptisé "Push to pass", allusion selon M. Tavares au surcroît de puissance utilisé en compétition automobile pour dépasser un concurrent.

Parmi les axes de développement du groupe figure le prometteur marché iranien, où PSA a annoncé le 28 janvier son retour après quatre ans d'absence, à la faveur de la levée de sanctions économiques. M. Tavares a aussi évoqué des discussions en cours en vue d'une implantation industrielle en Algérie.

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