Protectionnisme: Berlin accuse les USA de faire "fausse route"

Berlin a estimé lundi que les Etats-Unis faisaient "fausse route" en misant sur "le repli sur soi et le protectionnisme", après les menaces du président Donald Trump visant les exportations européennes de voitures.

"Nous ne voulons pas d'aggravation de la situation et nous ne voulons absolument pas de quelque chose s'approchant d'une guerre commerciale" qui ne serait "dans l'intérêt de personne", a déclaré Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel lors d'une conférence de presse régulière à Berlin.

Le président américain a accentué sa rhétorique protectionniste en évoquant dans un tweet au cours du week-end une taxe sur les importations de voitures européennes si l'UE répliquait à sa décision d'imposer des droits de douanes sur l'acier et l'aluminium.

"Nous rejetons de telles mesures, qui affecteraient sensiblement les flux d'échanges commerciaux internationaux, affecteraient sensiblement notre industrie mais aussi et surtout les salariés et les consommateurs des deux côtés de l'Atlantique", a souligné M. Seibert.

Le gouvernement allemand va examiner avec la Commission européenne et ses partenaires européens, dont la France, "ce qui va véritablement être mis en oeuvre cette semaine par l'administration américaine", a ajouté le porte-parole, en réaffirmant l'attachement de l'Allemagne au libre-échange.

L'UE avait annoncé vendredi préparer des mesures de rétorsion sur des entreprises dont le constructeur de motos Harley-Davidson, le whiskey bourbon et le fabricant de jeans Levi's après l'annonce par Washington de l'imposition prochaine de droits de douane de 25% pour l'acier et de 10% pour l'aluminium.

"Si l'UE veut encore augmenter les taxes et les barrières déjà énormes sur les sociétés américaines qui font des affaires là-bas, nous appliquerons simplement des taxes sur leurs voitures qui entrent librement aux Etats-Unis", avait rétorqué Donald Trump samedi.

Le président américain a déjà menacé à plusieurs reprises de taxes douanières les constructeurs européens, en particulier l'Allemagne et ses marques haut de gamme.

Les véhicules allemands ne représentent qu'une petite part (7,9%) du marché automobile neuf aux Etats-Unis, selon la fédération des constructeurs allemands VDA.

Mais selon Ferdinand Dudenhöffer, expert automobile du centre de recherche CAR en Allemagne, les groupes automobiles allemands comme Volkswagen, Daimler et BMW pourraient essuyer une fonte de jusqu'à 10% de leurs bénéfices si Washington mettait ses menaces à exécution, dans le pire de scénarios.

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