Prime et embauches chez Renault: les syndicats partagés

La CFDT de Renault a salué vendredi l'annonce d'une prime de 400 euros et de 1.000 recrues en CDI en 2016, estimant que les "efforts des salariés" étaient "récompensés" mais pour la CGT, ces embauches "n'effaceront pas la saignée des effectifs" depuis 2013.

"Le versement d'une prime exceptionnelle uniforme de 400 euros, revendiquée par l'intersyndicale (CFDT - CFE-CGC et FO), est une première satisfaction à l'aune de l'ouverture, lundi matin à Boulogne, des négociations obligatoires sur les salaires", écrit dans un communiqué la CFDT. Le troisième syndicat de Renault appelle lundi à des débrayages pour "soutenir les négociateurs".

"Les objectifs de l'accord compétitivité (signé en mars 2013 par la CFDT, la CFE-CGC et FO, ndlr) portant leurs fruits", et les "bons résultats" 2015 publiés vendredi par le groupe, dont le bénéfice net est en hausse de 48%, sont "surtout dus aux efforts des salariés, récompensés aujourd'hui par un intéressement en augmentation de plus de 50%", ajoute la CFDT.

Mais "ne vous laissez pas manipuler", souligne pour sa part la CGT. "La direction va se servir" de l'octroi de cette "généreuse" prime exceptionnelle et de la prime d'intéressement pour "éviter d'aborder la question des augmentations générales de salaires", prévient le deuxième syndicat, qui réclame "de réelles" augmentations collectives des salaires.

S'agissant des 1.000 embauches également annoncées pour 2016, après 1.000 en 2015 , "l'entreprise répond favorablement à la demande des signataires" de l'accord, se réjouit la CFDT. "On est largement au-dessus" des 760 recrutements promis en deuxième partie du plan de compétitivité, a souligné auprès de l'AFP le délégué CFDT Franck Daoût.

Renault refuse de donner le bilan des emplois supprimés en France avant la fin du plan de compétitivité qui, selon la CGT s'est déjà traduit par 6.000 départs depuis 2013 chez Renault et les filiales concernées par l'accord, près de 5.000 selon la CFDT. "Nous sommes dans la trajectoire des 8.260 départs volontaires prévus par l'accord" d'ici 2016 (-15%), sans licenciements, a précisé M. Daoût.

Pour la CGT, les embauches sont "bienvenues" mais "elles ne suffiront pas à combler la saignée des effectifs depuis la signature de l'accord", qui a "profondément fragilisé (la) capacité (de Renault) à répondre à la demande", a "amplifié" des "conditions de vie et de travail déjà dégradées" et entraîné le fait que "les délais de livraison n'ont jamais été aussi longs".

La hausse des résultats financiers a essentiellement été permise par "la réduction de nos effectifs", le "gel de nos salaires" et "l'augmentation des prix de vente de nos véhicules", souligne la CGT.

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