Pollution à Grenoble: plus de transports en commun !

Au huitième jour d'un pic de pollution, l'agglomération grenobloise a durci mardi ses restrictions de circulation qui touchent désormais un véhicule sur quatre et les a reconduites pour mercredi, misant pour l'heure sur la pédagogie sans recourir aux amendes.

C'est la seconde marche du dispositif que le gouvernement entend généraliser: après les véhicules de plus de 20 ans, certains poids-lourds et autocars ainsi que des deux-roues d'avant l'an 2000, les voitures diesel de plus de 10 ans n'ont théoriquement pas le droit de circuler dans les 49 communes de l'agglomération.

Elles portent des vignettes "qualité de l'air" numérotées 4 et 5, et au total, ce sont désormais 26% des 320.000 véhicules du bassin grenoblois qui sont invités à rester au garage encore mercredi. Invités seulement car les contrôles sont à visée pédagogique jusqu'à la fin de l'année.

Après le 1er janvier 2017, tout contrevenant sera passible d'une amende de 22 euros si payée de suite, 35EUR si payée avant 45 jours et majorée à 70EUR au-delà.

"On prend le temps, lors de ce premier pic, d'informer les gens (...) Cette phase est très importante; elle permet à chacun de regarder comment il peut s'organiser", a déclaré à l'AFP Eric Piolle, maire (EELV) de Grenoble. Et de commander sa vignette: 75.000 certificats ont été commandés, après 51.000 vendredi, selon Grenoble Alpes Métropole.

Ce week-end déjà, "on a noté 5% de baisse du trafic routier, 7% de hausse de la fréquentation des transports en commun et 16% pour la pratique du vélo, par rapport à la fin de semaine précédente", s'est réjoui Yann Mongaburu, président du Syndicat mixte des transports en commun (SMTC) de la métropole.

Depuis lundi, les transports sont gratuits et "cela représente environ 60.000 euros de manque à gagner pour les opérateurs de bus et de tramways que la collectivité va compenser" sur ses deniers, a déclaré à l'AFP M. Mongaburu.

De plus, la Métropole augmente les capacité de stationnement et mise sur l'information des citoyens mais aussi des 220 entreprises qui ont mis en place des plans de déplacement en cas de pollution.

- "carence fautive de l'Etat"-

"Un pic de pollution n'est jamais une bonne nouvelle. Ca expose la population, surtout les automobilistes et les personnes les plus précaires qui vivent à proximité des axes routiers", a rappelé M. Mongaburu.

En Ile-de-France justement, une dizaine de familles vivant pour la plupart près des grands axes ont décidé de poursuivre l'Etat en justice pour "carence fautive" face à la pollution. Deux associations qui les soutiennent, Respire et Ecologie sans frontière, appellent "toutes les personnes en France qui ont subi des troubles de santé" à les rejoindre dans ces actions judiciaires.

Météo France ne prévoit aucun répit pour les Grenoblois, puisqu'elle table sur "un renforcement de la stabilité atmosphérique, et des inversions de températures de plus en plus marquées" responsables de l'effet "couvercle" dans les vallées alpines, a expliqué à l'AFP Géraldine Guillaud, ingénieure coordinatrice chez Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l'organisme chargé de surveiller la qualité de l'air.

"Donc on n'est pas sorti de l'auberge... On ne prévoit pas de sortie du pic de pollution avant jeudi pour Grenoble, les zones urbaines des Pays de Savoie (Chambéry et Annecy) et la vallée de l'Arve", a résumé Mme Guillaud.

En haute vallée de l'Arve, entre Magland et Chamonix, une circulation alternée des poids lourds les plus polluants a été mise en place depuis 5h00. Un seul contrevenant a été verbalisé sur le réseau secondaire, selon la préfecture de Haute-Savoie.

Si les mesures sur la circulation sont les plus immédiates à prendre, la pollution est un sujet au long cours: la zone alpine se distingue par sa tradition de chauffage au bois, qui y est responsable de 60% à 75% de la pollution hivernale.

Une bonne nouvelle est toutefois venue de Lyon et du Nord Isère où l'alerte pollution a été levée en milieu de journée, après 12 jours de pollution excessive de l'air.

© 2016AFP