Point S, un quinquagénaire qui ne s'interdit rien

Issu du monde du pneumatique et devenu au fil des ans un généraliste de la réparation automobile, Point S réfléchit à de nouvelles diversifications, à l'appui de son objectif de doubler à 10.000 le nombre de ses implantations dans le monde.

La société, qui fête en 2021 ses cinquante ans, s'est lancée l'an dernier dans la réparation de pare-brise. Elle envisage de se développer dans la carrosserie. Et la vente de voitures ? "On ne s'interdit aucune opération dans le domaine auto", lance le directeur général de l'enseigne Christophe Rollet.

"Nous avons au moins autant de légitimité que la Fnac pour vendre des automobiles", relève M. Rollet, en référence à la commercialisation par l'enseigne culturelle d'une voiturette électrique produite par Citroën.

Dans le vélo électrique, aussi, Point S est "en pleine réflexion", souligne M. Rollet.

Dans un secteur qui a longtemps eu mauvaise réputation - "qui n'a jamais eu la crainte de +se faire avoir+ par son garagiste?" - Point S met en avant les valeurs du commerce de proximité: le service, le savoir-faire, le sourire... (les "S" de sa marque).

"Mon modèle", dit-il, "c'est Seven-Eleven", la chaîne de supérettes américaines, même si l'enseigne est encore loin d'en avoir l'empreinte géographique, avec 580 points de vente en France et 5.500 dans le monde.

A Point S, l'activité pneu représente encore plus de 60% des ventes mais sa proportion au chiffre d'affaires décroît régulièrement, précise M. Rollet, rencontré par l'AFP au siège sans chichis de l'entreprise.

 

Renouer avec les adhérents

Une austérité qui porte la marque de M. Rollet, arrivé au volant de Point S en 2001, alors que la société traversait une crise d'identité, avec une direction jugée "seigneuriale" et coupée des préoccupations des adhérents.

L'un de ses premières décisions aura donc été de déplacer à Lyon le siège de la société née à Boulogne-sur-Mer et transplantée ensuite en région parisienne.

Une manière de renouer avec les adhérents - Point S est une coopérative dont les membres détiennent toujours la totalité des sièges au conseil d'administration.

"Nous n'avons ni fonds d'investissement, ni industriel à notre capital. Cela n'a pas changé depuis cinquante ans et ce n'est pas près de changer", assure M. Rollet.

Autre signe de cette sobriété assumée: le société faitière de Point S compte tout juste 120 personnes. Pour un chiffre d'affaires mondial de 3,1 milliards d'euros!

Cette légèreté des frais de structure permet à l'enseigne de réclamer à ses adhérents une redevance inférieure à celle de ses concurrents directs (1% en moyenne, davantage dans les pays où elle est bien implantée).

Son autre source de revenus est la commission perçue sur les achats de pièces détachées que sa centrale d'achats négocie pour le compte des adhérents.

L'importance de générer des volumes d'achats importants oblige Point S à accroître sans cesse le nombre de ses affiliés, en France, mais aussi à l'étranger: l'enseigne compte 600 implantations en Allemagne, plus de 300 au Royaume Uni, près de 500 en Italie, 150 en Pologne...

 

Tremplin chinois

Au total, elle est présente dans 41 pays, mais pas en Espagne d'où Point S s'est retiré - alors qu'il y a compté jusqu'à 80 points de ventes - faute d'y avoir trouvé "de bons représentants".

Son expansion internationale se fait par le biais de la franchise ou de licences.

"En matière de distribution, la France a un vrai savoir-faire", relève M. Rollet, en évoquant la situation découverte aux États-Unis, où le marché est moins structuré que dans l'Hexagone. Cinq ans après son arrivée, le groupe y dispose de 300 points de ventes, un chiffre qu'il aimerait tripler.

Après "avoir lorgné dessus pendant cinq ans", Point S vient de se lancer en Chine, avec deux partenaires. Dans ce pays, comme dans d'autres, l'objectif est d'occuper 5% du marché dans les cinq ans, ce qui passe par l'ouverture d'environ 1.000 magasins. L'objectif dans les dix ans est d'en avoir 4.000.

"On va ce servir de cette implantation en Chine comme d'une vitrine pour aller chercher d'autres pays en Asie", explique M. Rollet.

En France, les perspectives sont aussi bonnes, d'autant que le garagiste indépendant y est en voie de disparition: il ne représenterait plus, selon M. Rollet, que 5% à 10% du marché.

Avec l'arrivée massive de l'électronique, "on arrive à un niveau de complexité qui fait que les petits ne vont pas pouvoir survivre". "Nous n'avons pas terminé notre parcours, loin de là"...

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