Plan de soutien : réactions syndicales mitigées

Les syndicats ont accueilli de façon mitigée mardi les annonces du président Emmanuel Macron pour secourir la filière automobile française, très affectée par la crise du coronavirus, et pour en faire une championne des véhicules électriques.

"Ce plan n'est pas à la hauteur", a déploré le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, sur RFI et France 24. "Il n'y a aucune critique sur la stratégie de Renault", a-t-il regretté.

Concernant le renforcement des primes à l'achat de véhicules neufs ou d'occasion, "effectivement, il y a besoin de renouveler le parc, la CGT le dit depuis des années", mais ces primes, "c'est l'argent du contribuable. En quelque sorte, ce sont les contribuables qui se payent eux-mêmes leur prime", a critiqué M. Martinez.

M. Macron "a parlé d'investissement et de localisation, pas de relocalisation. Nous, à la CGT nous prônons des relocalisations, de fabriquer de petits véhicules Renault en France. On n'en fabrique plus un seul", a-t-il ajouté.

Ce plan gouvernemental, "c'est du plus, on va le prendre" mais "ça ne répond pas à l'urgence", a réagi auprès de l'AFP Franck Don, délégué CFTC chez PSA, qui a relevé des "incohérences" dans les annonces présidentielles.

Le renforcement des primes à l'achat "sera intéressant pour essayer de vendre tous ces véhicules restés bloqués" avec le confinement, a noté Mariette Rih, déléguée FO Renault. "Ces stocks de voitures, c'est de l'argent immobilisé" chez les constructeurs, a-t-elle souligné.

Ces primes sont également "une bonne nouvelle" pour Franck Daoût, délégué CFDT Renault, mais "on n'en attendait pas moins de l'Etat".

Olivier Lefebvre, délégué FO chez PSA, a aussi salué, avec ces primes, la "volonté de faire baisser les stocks des véhicules non vendus, qui ne génèrent pas d'emploi".

Mais il a "regretté qu'il n'y ait pas une volonté de relocalisation plus segmentée", en faveur des "véhicules du segment B", ces voitures compactes dont "plus de volumes" sont fabriqués, "ce qui garantit l'emploi".

L'arrivée de Renault au sein du programme européen de batteries électriques, porté par PSA, "est une bonne chose", a jugé Franck Daoût, qui s'est félicité de "la volonté d'installer vraiment une filière automobile solide en France", ce qui "va favoriser l'emploi".

Dans un communiqué, la fédération CFE-CGC de la métallurgie "approuve les grandes lignes du plan" gouvernemental, mais note qu'il "devra être analysé dans les détails". Ce plan "ambitieux" ne sera "peut-être pas suffisant", prévient le syndicat, qui "demande qu'un point régulier soit réalisé en Comité stratégique de filière automobile pour en mesurer les effets et engager les correctifs éventuels".

De son côté, la fédération Unsa de l'industrie et de la construction a salué le "soutien à une transformation du secteur de l'automobile vers des véhicules propres" et "l'affirmation de la conservation d'une industrie automobile forte en France". Mais "il faut maintenant concrètement que les constructeurs s'engagent à déployer de nouveaux modèles propres répondant aux exigences environnementales", a-t-elle ajouté.

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