Peugeot remonte en Bourse malgré les rumeurs Opel

L'action Peugeot a gagné 0,46% jeudi à la Bourse de Paris, remontant la pente après une chute de 3,94% la veille, des analystes jugeant peu crédibles les rumeurs de presse évoquant un gros litige financier entre PSA et l'américain GM au sujet du rachat d'Opel.

Peugeot a cloturé à 17,38 euros soit une hausse de 0,46%.

Dans une note d'analyste, la banque J.P. Morgan explique jeudi que le message de PSA "n'a pas changé depuis la réunion à Rüsselsheim il y a quelques semaines" et recommande aux investisseurs de ne pas tenir compte des spéculations de presse.

Selon ces rumeurs qui ont fait plonger l'action mercredi, PSA réclamerait à General Motors des centaines de millions d'euros pour avoir découvert après le rachat d'Opel à GM cet été que les moteurs de la filiale allemande dépasseraient encore plus que prévu les normes d'émissions de CO2 en Europe.

"Lorsque nous avons acheté Opel à General Motors, on ne nous a pas montré la face cachée de la lune, notamment qu'il n'y avait absolument aucun plan pour respecter les normes de l'UE en matière d'émissions de CO2", avait lui-même déclaré Carlos Tavares, le patron de PSA (qui regroupe désormais les marques Peugeot, Citroën, DS, Opel et Vauxhall), dans une interview publiée le 17 novembre par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

Il avait déjà évoqué ces difficultés précédemment dans la presse allemande et lors de l'annonce à Rüsselsheim (ouest) du plan stratégique d'Opel/Vauxhall début novembre quand il avait annoncé une accélération du calendrier de remplacement des moteurs d'origine Opel par ceux du groupe PSA, plus modernes et conçus pour respecter les futures normes européennes.

Celles-ci imposent aux constructeurs automobiles commercialisant des véhicules dans l'Union d'atteindre dans leurs gammes, avec quelques ajustements selon les situations, un niveau de 95 grammes de CO2 émis par kilomètre d'ici à début 2021, contre 130 g en 2015.

A défaut, les constructeurs devront s'acquitter de 95 euros par gramme de CO2 excédentaire multiplié par le nombre de voitures vendues, soit des pénalités potentielles de dizaines de millions d'euros.

"Je suis confiant dans la capacité de nos équipes d'ingénierie et de nos industriels pour mener à bien cette action avec rigueur et détermination", a réagi jeudi M. Tavares dans une déclaration transmise à l'AFP.

Le plan stratégique "a défini une roadmap (feuille de route, NDLR) CO2 robuste pour Opel Vauxhall en moins de 100 jours et je tiens à saluer le travail des équipes qui sont mobilisées au quotidien dans la mise en oeuvre des décisions techniques", a-t-il ajouté.

Interrogé sur les rumeurs de difficultés imprévues dans la filiale allemande rachetée cet été pour 1,3 milliard d'euros, un expert du secteur automobile interrogé par l'AFP a affirmé: "c'est du pur +bullshit+".

Selon cet expert, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, "en aucun cas Peugeot n'a pu être surpris par les émissions de CO2 de Opel". Pour lui, quand M. Tavares évoque dans la presse des problèmes non révélés au moment du rachat, il envoie des messages aux syndicalistes d'Opel auxquels il demande de "prendre leurs responsabilités" au sujet du plan de redressement du groupe qui doit entraîner de nombreuses suppressions de postes.

Et en même temps, le patron de PSA envoie des messages rassurants aux salariés en rappelant la façon dont il a redressé le groupe français, lui-même en grande difficulté au moment de son arrivée à sa tête début 2014.

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