Permis de rouler: les voitures de 007

Aston Martin bien sûr, mais aussi BMW, Ford, Toyota et même Citroën 2CV: en 53 ans d'aventures au cinéma, James Bond a roulé dans des véhicules prestigieux et improbables, au fil du hasard puis d'intérêts commerciaux bien compris.

"Spectre", 24e opus de la saga qui sort début novembre sur les écrans, marque aussi le demi-siècle d'association entre 007 et Aston Martin, l'un des grands noms de l'automobile sportive outre-Manche. Après un passage chez Ford, la marque appartient aujourd'hui à des investisseurs privés.

Aston Martin, dont la gamme commence à 113.000 euros, a franchi une nouvelle étape dans son partenariat en confiant à l'équipe de "Spectre" une voiture à la carrosserie inédite et fuselée, la DB10, produite à seulement dix exemplaires.

"Ils ont très bien compris que c'était leur meilleur agent commercial dans le monde. Les gens achètent des Aston Martin aussi parce qu'il s'agit de la voiture de James Bond", explique à l'AFP Frédéric Brun, qui vient de publier le livre illustré "James Bond Cars".

Pourtant, Aston Martin ne constituait pas le choix le plus évident au lancement de la série: dans les romans de Ian Fleming, 007 circulait en Bentley sport d'avant-guerre. Et le tout premier James Bond porté à l'écran, "Docteur No" en 1962, voyait Sean Connery au volant d'un petit roadster anglais presque tombé dans l'oubli depuis, la Sunbeam Alpine.

Le propriétaire d'Aston Martin à l'époque, David Brown, "était très réticent au moment de Goldfinger", sorti en 1964, où apparaît pour la première fois le modèle "DB5" gris argent bardé de gadgets. Mais "dès que le film est sorti, il a compris, et l'usine a prêté deux voitures pour la promotion", souligne M. Brun. La DB5 est devenue "la" voiture de Bond, encore vue dans "Skyfall" en 2012.

A partir de la fin des années 1960, les 007 sont devenus l'un des canaux privilégiés du "placement de produit".

 

Ne pas abîmer la BMW 

Ainsi de Toyota qui avait réalisé deux exemplaires découvrables de sa voiture de sport 2000 GT pour "On ne vit que deux fois" en 1967. Le groupe Ford s'est lui aussi associé à la série cinématographique au-delà des Aston Martin, plaçant même sa paisible familiale Mondeo entre les mains de Daniel Craig dans "Casino Royale" en 2006.

BMW avait déjà fait grincer les dents de certains puristes en faisant rouler l'agent de Sa Majesté en décapotables et berline bavaroises à la fin des années 1990.

"James gagne toujours en buvant le meilleur champagne, en ayant la plus belle montre et la meilleure voiture", s'amuse Rémy Julienne, le plus célèbre des cascadeurs français d'après-guerre, qui a travaillé sur six Bond, de "Rien que pour vos yeux" en 1981 à "Goldeneye" en 1995.

Dans un entretien avec l'AFP, il se souvient que pour la BMW de ce dernier film, "il n'y avait pas de cascade à faire qui mettait la voiture en danger", le constructeur allemand ne souhaitant pas que les spectateurs voient son véhicule abîmé.

Une pudeur que n'a pas eu Citroën, dont la légendaire 2CV faisait des cabrioles avec Roger Moore et Carole Bouquet dans "Rien que pour vos yeux". "On a fourni les voitures, dont les châssis et les moteurs ont été modifiés" pour résister aux cascades, raconte à l'AFP Eric Leton, responsable du conservatoire Citroën qui préserve l'héritage de la marque.

La firme aux chevrons a même sorti une série spéciale "007" de la 2CV en 1981, lancée avec le concours de Roger Moore. Jaune comme dans le film, elle était décorée d'impacts de balles factices, "avec un petit sachet d'autocollants supplémentaires pour que le client personnalise un peu sa voiture", selon M. Leton.

M. Julienne, qui avait suggéré à la production de "Rien que pour vos yeux" d'employer des Peugeot 504 pour les voitures des "méchants", avait aussi choisi la Renault 11 taxi de "Dangereusement vôtre" (1985) qui finit décapitée et coupée en deux.

Au-delà des Aston Martin et autres véhicules de luxe, "montures du chevalier" des temps modernes, ces voitures de second rôle "apportent quelque chose de sympathique, d'humain et de véritable" à 007, estime M. Brun.

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