Permis: Les auto-écoles "inquiètes" des annonces de Macron

Emmanuel Macron a annoncé vendredi une "baisse drastique" du coût du permis de conduire, le code étant "intégré à la partie scolaire",lors de sa tournée commémorative de la Grande Guerre marquée par de nombreuses interpellations sur le prix du carburant et le pouvoir d'achat.

Après le chèque énergie, que le chef de l'Etat entend "améliorer", et la défiscalisation des aides aux transports comme celle inventée dans les Hauts-de-France, M. Macron a ajouté le permis du conduire aux mesures esquissées cette semaine, dans un contexte de grogne croissante des contribuables, notamment des automobilistes.

"Dans le cadre de la loi mobilité, on va drastiquement baisser le coût du permis", a déclaré le chef de l'Etat, qui poursuit dans le Pas-de-Calais son "itinérance mémorielle" du centenaire de la Grande Guerre.

"Le code, on va l'intégrer à la partie scolaire", a ajouté Emmanuel Macron, qui veut également "aider à l'acquisition du premier véhicule".

Cette annonce sur le coût du permis --1.600 euros en moyenne selon un rapport de 2014-- a semblé prendre de court les ministères concernés (Intérieur, Transports, Éducation).

"Je crois qu'il appartiendra (au ministre de l'Intérieur) Christophe Castaner et au Premier ministre de préciser les annonces du président de la République", a expliqué sur BFMTV le ministre des Comptes Publics Gérald Darmanin, qui accompagnait le chef de l'Etat.

Le projet de loi sur les mobilités devrait être présenté "fin novembre" en Conseil des ministres. Ce texte a été régulièrement invoqué par Edouard Philippe lors des multiples interrogations des oppositions sur la hausse du carburant. Mais la question du permis n'avait pas été versée au débat.

Elle a été fraîchement accueillie dans le secteur des auto-écoles. "Je ne sais pas si cette annonce est raisonnée. Si c'est vrai, nous sommes inquiets", a déclaré à l'AFP Richard Zimmer, vice-président du CNPA-Education routière.

 

"Annonce populiste"

"Sceptique" et "inquiet", le président de l'Union nationale des indépendants de la conduite (Unic), Philippe Colombani, voit "une déclaration de guerre" dans cette "annonce populiste destinée à montrer qu'il (M. Macron) agit pour le pouvoir d'achat, surtout après les polémiques sur le gasoil, mais sans savoir comment faire, comment le financer."

L'évolution du permis fait l'objet d'une mission parlementaire pilotée par les députés LREM Françoise Dumas et Stanislas Guérini.

"On rendra le rapport vers la fin de l'année. On est très en phase avec ce qu'a annoncé le président", a expliqué M. Guérini.

"Les auditions sont en cours donc si on annonce les résultats avant le rapport, c'est une méthode étonnante", déplore le président de l'Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite (Unidec), Patrick Mirouse.

Une réforme a été menée en 2014, quand M. Macron était ministre de l'Économie, avec notamment l'objectif de réduire le délai de passage d'un deuxième examen après un échec.

Il est passé de 93 à 63 jours en moyenne, et le coût pour le candidat, qui n'a pas à repasser des heures de conduite pour se maintenir au niveau, est ainsi réduit de 150 à 300 euros par candidat, selon des chiffres officiels.

Par ailleurs, depuis juillet 2016, le dispositif du "permis à un euro par jour" --via un prêt à taux zéro-- a été étendu. Et depuis une loi de 2017, il peut également être financé via le compte personnel de formation (CPF).

"En panne sèche de propositions depuis plusieurs semaines, l'exécutif tente un redémarrage en cote", a ironisé le Rassemblement national (RN, ex-FN). De son côté, Jean-Luc Mélenchon a rappelé avoir plaidé la gratuité du permis dans une proposition de loi de 1990, lorsqu'il était sénateur socialiste.

Le gouvernement devra également gérer le 17 novembre une journée de mobilisation contre la hausse du carburant, avec appel à bloquer les routes, à l'instigation de "gilets jaunes", dont une vingtaine manifestait vendredi matin non loin du président.

© 2018AFP