Pékin lève la barrière pour les voitures importées

La Chine, premier marché automobile mondial, va réduire dans moins de deux mois ses droits de douane sur les voitures, un nouveau signe de détente dans les tensions commerciales qui ont opposé ces derniers mois Pékin et Washington.

Trois jours à peine après un armistice annoncé juste avant le déclenchement attendu d'une guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales, Pékin a annoncé mardi une ouverture accrue de son marché automobile, qui peut profiter potentiellement à tous les constructeurs mondiaux, de Ford à Toyota en passant par PSA, mais qui devrait surtout plaire aux groupes allemands.

Les droits de douane sur les automobiles vont baisser de 25% à 15% à compter du 1er juillet, a annoncé le ministère des Finances.

Cette décision est prise "afin de poursuivre les réformes et l'ouverture, de promouvoir la réforme de l'offre ainsi que la transformation et la modernisation du secteur et de répondre à la demande des consommateurs", a expliqué le ministère dans un communiqué.

Les droits de douane seront également réduits pour l'importation de pièces détachées. Auparavant compris entre 8 et 25%, ils seront désormais de 6%.

Le président chinois, Xi Jinping, avait annoncé début avril une baisse "considérable" des taxes à l'importation des voitures en Chine cette année, mais sans donner de chiffres ni fournir de calendrier.

Les voitures importées en Chine font jusqu'à présent l'objet d'une taxe prohibitive de 25%: une pomme de discorde avec Washington, le président, Donald Trump, citant volontiers cet exemple pour fustiger la politique commerciale "protectionniste" du régime communiste.

Les Etats-Unis imposent des droits de douane de 2,5% à l'importation des automobiles.

 

Part du lion

La Chine est le plus grand marché automobile mondial, avec 28,9 millions de véhicules vendus en 2017, selon la fédération professionnelle chinoise CAAM.

Les marques étrangères s'y taillent toujours la part du lion, avec environ 55% du marché au premier trimestre 2018.

Si la plupart des constructeurs étrangers font fabriquer leurs modèles sur place, les modèles haut-de-gamme, où les constructeurs allemands sont dominants, sont pour la plupart importés.

"Nous saluons cette annonce, c'est une bonne idée", a indiqué un responsable gouvernemental à Berlin, estimant l'évolution "positive" pour l'industrie automobile du pays, qui importe en Chine près de 500.000 voitures par an, selon la fédération du secteur.

La baisse des droits de douane pourrait rapporter jusqu'à 4,5 milliards d'euros de bénéfices supplémentaires aux constructeurs allemands, précise le quotidien économique Handelsblatt, citant une analyse du cabinet Evercore Isi.

BMW, qui importe un tiers de ses modèles vendus sur le marché chinois, a indiqué à l'AFP "saluer" un "signe fort que la Chine poursuit son chemin de l'ouverture".

 

Apaisement commercial

Le geste de Pékin est le deuxième à bénéficier aux constructeurs étrangers en un peu plus d'un mois: mi-avril, le gouvernement chinois avait annoncé la levée d'ici cinq ans des restrictions empêchant ces derniers de contrôler leur filiale locale.

Pour l'instant, toute multinationale désirant produire en Chine doit obligatoirement créer une coentreprise avec un fabricant chinois. Aucun constructeur automobile étranger ne peut posséder plus de 50% de cette "joint-venture".

Mais cette limite sera levée d'ici à 2020 pour les entités produisant des véhicules commerciaux. Et d'ici à 2022 pour la production de voitures individuelles. Le plafond sera même supprimé dès 2018 pour les véhicules électriques et hybrides.

Alors que Chine et Etats-Unis étaient au bord de la guerre commerciale, avec une hausse des droits de douane qui menaçait d'entrer en vigueur ce mardi sur 50 milliards d'exportations chinoises vers les Etats-Unis, les deux pays sont parvenus ce week-end à un compromis.

Les deux géants du Pacifique se sont abstenus de tout détail chiffré mais Pékin s'est engagé à augmenter ses importations des Etats-Unis, particulièrement dans les secteurs de l'agriculture et de l'énergie.

Donald Trump exigeait une baisse de 200 milliards du déficit américain vis-à-vis de la Chine, qui a atteint l'an dernier 375 milliards de dollars, selon les calculs de Washington.

Pékin, qui menaçait de rendre coup pour coup en cas de guerre commerciale, a fait un geste de bonne volonté dès vendredi en annonçant la levée d'une mesure antidumping qui frappait les importations de sorgho américain.

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