Pekin 2016: prix chez Renault, compétitivité chez PSA

Face à une concurrence accrue sur le marché automobile chinois, le nouveau venu Renault dit adapter ses prix, tandis que le groupe français rival PSA affirme donner la priorité à l'amélioration de sa compétitivité.

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Le tassement de la croissance des ventes dans ce qui fut pendant des années l'Eldorado des constructeurs étrangers contraint chacun à des efforts, ont confié des dirigeants des groupes français à l'AFP au premier jour du salon de Pékin.

"Il faut s'adapter. La pression concurrentielle est plus forte, la pression sur les prix est plus forte", a reconnu François Provost, président de la coentreprise Dongfeng Renault, qui fabrique et commercialise depuis quelques semaines en Chine un SUV (4x4 urbain) de taille moyenne, le Kadjar.

"C'est un marché très compliqué, et qui bouge vite. Les marques locales progressent fortement. Mais avec le Kadjar, nous avons le bon produit pour Renault pour démarrer en Chine, d'abord parce que le segment des SUV continue de croître fortement", a-t-il ajouté.

Néanmoins, face à la concurrence des marques 100% chinoises, qui dominent désormais en Chine le segment des SUV avec environ 60% de parts de marché, Renault "a lancé le Kadjar à un prix plus compétitif que ce qu'on imaginait il y a un an, parce que le marché est devenu plus compétitif", a encore souligné M. Provost.

Pour sa part, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s'est dit optimiste quant aux chances de sa société de percer sur le marché chinois, bien que sa croissance effrénée des dix dernières années ait ralenti.

"Je suis très confiant, je pense que toute la partie industrielle de notre projet a très bien réussi", a-t-il assuré dans un entretien à l'AFP. "Aujourd'hui, l'enjeu est essentiellement commercial, continuer à développer le réseau (de concessionnaires) de façon à monter très très vite sur le plan des ventes".

 

Modèles spécifiques

Renault présentait au salon de Pékin, qui a ouvert ses portes lundi, un 4x4 d'une taille supérieure au Kadjar, le nouveau Koleos, destiné à être un véhicule mondial vendu dans 80 pays.

"Le dévoiler ici est un signe très fort de la priorité qui est donnée au marché chinois par le groupe", a fait valoir M. Provost.

La première usine de Renault en Chine, à Wuhan (centre), a commencé en février la production du Kadjar, elle fabriquera également des Koleos d'ici à la fin de l'année, et quelque 150.000 véhicules par an au total en sortiront à partir de 2017.

Le site produira par ailleurs à partir de l'an prochain une voiture 100% électrique basée sur la plateforme de sa berline Fluence Z.E., destinée à Dongfeng et sous marque locale.

Arrivé bien avant Renault en Chine, le groupe français PSA (marques Peugeot, Citroën et DS) y a écoulé 750.000 voitures l'année dernière sur un total mondial de trois millions, et vise un million à l'horizon 2018, a indiqué lundi à l'AFP le directeur général de Peugeot, Maxime Picat.

Mais lui aussi a reconnu que le marché s'était durci. "Les concurrents chinois commencent à apporter des produits dont la qualité s'est nettement améliorée", a-t-il expliqué.

Néanmoins, "on ne fait pas une fixation sur les Chinois, on n'est pas forcément en concurrence" avec eux, qui visent plutôt les clients achetant une voiture pour la première fois, selon lui.

"Il faut qu'on continue à faire notre trou au milieu des marques internationales, et qu'on batte nos concurrents traditionnels. Sinon on va plonger dans la guerre des prix", a-t-il dit.

Dans le passé, "ce marché fortement tiré par la croissance ne s'est pas intéressé énormément à la productivité. Maintenant qu'il y a un peu de tassement (...) c'est le moment de regarder de beaucoup plus près nos coûts", a-t-il affirmé.

Soucieux d'adapter leur offre, Peugeot, Citroën et DS présentent à Pékin des modèles inédits et réservés au marché chinois.

On y trouve ainsi une version à coffre de la Peugeot 308, une DS "4S" à quatre portes et une grande berline C6 assez classique d'apparence, héritière des CX et XM --qui n'ont pas de descendance dans la gamme Citroën actuelle en Europe.

"En Chine, ce segment est très important et reste quasiment stable, alors qu'en Europe il a rétréci de façon spectaculaire", a expliqué à l'AFP la patronne de la marque aux chevrons, Linda Jackson.

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