Paris, Lyon et Grenoble prolongent les restrictions

Face au pic persistant de pollution qui touche une bonne partie du pays, la circulation des voitures restera limitée mercredi à Grenoble, Lyon et Paris où une légère amélioration de la qualité de l'air est cependant attendue.

Les voitures vieilles de plus de 20 ans - 8% du parc - ne pourront pas circuler dans l'agglomération iséroise de même que les poids lourds, bus et autocars immatriculés avant octobre 2001 et les deux roues d'avant juin 2000.

Dans la capitale, l'interdiction concerne tous les véhicules portant une vignette Crit'Air 5 et non classés, c'est-à-dire de plus de 16 ans.

A Lyon et Villeurbanne, où ces macarons ne sont pas obligatoires, c'est encore l'alternance quotidienne des plaques d'immatriculation paires et impaires qui prévaut, mais les véhicules dotés des vignettes 1, 2 et 3 échappent aux restrictions.

L'institut Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, qui surveille la qualité de l'air, ne prévoit pas d'évolution favorable mercredi: à Lyon et Grenoble, la concentration de particules fines devrait dépasser 100 microgrammes par mètre cube (µg/m3), au-delà du seuil d'alerte de 80 µg/m3.

En Ile-de-France au contraire, Airparif anticipe un phénomène d'"inversion des températures" permettant aux particules de se disperser : après trois jours de concentration aux alentours de 90 µg/m3, la capitale est repassée mardi au niveau "information" et la prévision est de 40 à 55 µg/m3 pour mercredi.

A la veille d'un 5e jour de pic de pollution, la maire de Paris Anne Hidalgo a cependant réitéré sa demande au préfet de police d'étendre l'interdiction de circuler aux véhicules Crit'Air de niveau 4 pour mercredi et jeudi.

En Ile-de-France, si l'ensemble des véhicules concernés respectaient les restrictions actuelles, cela devrait permettre de réduire de 14% à 15% les émissions de particules et de 20% les émissions d'oxyde d'azote issues du trafic routier, selon Airparif.

 

3,4 millions de vignettes

Si la pollution persiste jeudi, la métropole grenobloise a prévenu que l'interdiction de circuler s'étendrait aux vignettes Crit'Air 4 et 5. Mais un conducteur interrogé par l'AFP lors d'un contrôle à l'entrée de l'agglomération, mardi matin, avait déjà la parade : la voiture de sa femme, moins polluante.

Les gendarmes verbalisaient peu. "Les gens sont conscients que dans ces vallées et agglomérations, il y a des problèmes de pollution. Ils essaient d'adapter leurs comportements même si c'est difficile car on est dans une civilisation de la voiture", commentait Olivier Kempf, chef de l'escadron isérois de sécurité routière.

Près de 3,4 millions de vignettes ont été commandées en France (contre 950.000 fin décembre), dont 235.000 en Isère et 64.000 dans le Rhône, selon le ministère de l'Environnement.

La pollution atmosphérique, troisième cause de mortalité évitable, génère 48.000 décès prématurés par an, selon l'organisme Santé publique France. "Nos concitoyens (...) savent maintenant que les microparticules pénètrent jusque dans le cerveau, pénètrent dans les foetus des femmes enceintes et par conséquent, il est absolument urgent d'agir et de changer nos comportements", a estimé à l'Assemblée la ministre Ségolène Royal.

Selon l'Institut National de l'Environnement industriel et des risques, l'épisode qui a débuté le 20 janvier est "exceptionnel par son ampleur géographique", touchant une grande partie de la France mais aussi le Benelux, le Royaume-Uni, l'Allemagne et plusieurs pays d'Europe centrale.

En cause, le trafic routier, l'industrie, le chauffage résidentiel et l'agriculture, associés à des conditions anti-cycloniques stables et froides ne favorisant pas la dispersion des polluants.

Le seuil d'alerte est dépassé dans de nombreux départements mais des mesures sont prises sur les routes et dans les transports en commun.

La vitesse est limitée (-20 km/h) en Gironde, dans les Hauts-de-France, le Bas-Rhin et plusieurs départements bretons notamment. Les bus sont gratuits à Dunkerque, Arras ou Saint-Brieuc et des forfaits mis en place dans les transports en commun à Lille, Strasbourg ou Paris.

En Savoie, la circulation des poids lourds sera limitée mercredi.

© 2017AFP