Opel: soutenu par Bercy et Merkel, PSA veut convaincre May

Soutenu par l'Etat français actionnaire et la chancelière Angela Merkel, le patron du groupe automobile PSA s'est employé mercredi à convaincre la Première ministre britannique du bien-fondé de son projet de rachat des activités européennes de General Motors, Opel et Vauxhall.

Nouvelle étape de consultations effrénées avec syndicats et politiques dans les trois pays concernés (France, Allemagne et Royaume-Uni) par cette opération en cours de négociation, Carlos Tavares s'est entretenu au téléphone en soirée avec Theresa May.

Celle-ci, selon un porte-parole de Downing Street, a insisté sur "l'importance que le Royaume-Uni accorde aux (deux) usines de Vauxhall" sur son territoire, et la nécessité "que les intérêts du Royaume-Uni soient respectés dans tout accord à venir".

Vauxhall est la marque sous laquelle les véhicules Opel sont vendus outre-Manche.

De son côté, lors de cette "conversation constructive", M. Tavares, président du directoire de PSA, "a exprimé son souhait de développer davantage la marque emblématique Vauxhall", selon le groupe français.

Cet appel intervient au lendemain d'une conversation entre le patron de PSA et la chancelière allemande Angela Merkel.

Comme avec Mme Merkel, M. Tavares, selon PSA, a plaidé auprès de Mme May pour la création d'"un champion européen" de l'industrie automobile, et s'est engagé "à mener ce dialogue en respectant les accords existants".

Les syndicats d'Opel et Vauxhall avaient initialement exprimé des inquiétudes pour l'emploi au cas où le projet d'acquisition des deux marques par PSA, révélé en début de semaine dernière à la surprise générale, aboutirait.

Mais les gages donnés par M. Tavares, notamment le respect des accords en vigueur chez Opel qui garantissent qu'aucun licenciement n'aura lieu d'ici à la fin 2018, semblent avoir emporté l'adhésion de Mme Merkel.

"Il appartient désormais aux entreprises concernées de mener leurs discussions à leur terme et le gouvernement allemand va les accompagner de manière positive", a déclaré le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert, lors d'un point de presse à Berlin.

 

Numéro deux européen

M. Tavares doit s'entretenir vendredi avec les représentants du personnel de Vauxhall, qui compte près de 5.000 employés.

Au total, Opel et Vauxhall employaient fin 2015 35.600 salariés, dont 18.250 en Allemagne. Les activités de GM en Europe sont en déficit chronique depuis 16 ans et ont coûté pas moins de 15 milliards de dollars au géant de Detroit.

Le gouvernement français a officiellement soutenu le rachat d'Opel par PSA, mais a lui aussi insisté sur la problématique de l'emploi.

Reçu mercredi soir à Bercy par le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, et le secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie, Christophe Sirugue, M. Tavares leur a présenté son projet d'alliance et "les ministres ont marqué leur soutien à cette opération", a précisé le ministère dans un communiqué.

"Le rachat envisagé et la dynamisation des activités européennes du groupe GM feraient du nouvel ensemble un leader européen reposant sur cinq marques emblématiques et complémentaires", a noté Bercy.

PSA (marques Peugeot, Citroën et DS) a écoulé 3,15 millions de véhicules dans le monde en 2016, contre environ un million pour Opel/Vauxhall, qui vend ses modèles en Europe.

Un ensemble PSA-Opel se placerait à la deuxième place sur le marché européen des voitures neuves avec quelque 16% des immatriculations, contre 24% pour Volkswagen.

Bercy a toutefois prévenu que "le gouvernement français prêtera une attention particulière au devenir des sites et des emplois, dans un premier temps par le respect des engagements existants, ainsi qu'au développement des capacités d'innovation, de production et de recherche du groupe, en vue de conforter la filière automobile française".

Venu en 2013-2014 à la rescousse de PSA, alors en quasi faillite, l'Etat français possède 12,81% du capital de l'entreprise, selon un dernier pointage, tout comme l'actionnaire historique, la famille Peugeot qui a dit elle aussi mercredi soutenir l'opération de rachat d'Opel.

Le troisième actionnaire de référence de PSA est Dongfeng, partenaire industriel de PSA en Chine, lui aussi venu à son aide il y a quatre ans.

Repassé dans le vert en 2015, engagé dans un processus de diversification géographique et vers les services de mobilité, PSA doit publier jeudi matin ses résultats financiers 2016.

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