Opel s'impose un remède de lion pour sortir du rouge

Opel, qui a rejoint cet été Peugeot, Citroën et DS dans la galaxie du groupe PSA, va réduire ses effectifs et miser sur de nouveaux modèles, y compris électriques, ainsi que de nouveaux marchés à l'international pour sortir enfin du rouge.

Le groupe autombile a perdu des parts de marché, cumulé des milliards d'euros de pertes et supprimé de nombreux emplois ces dernières années, alors qu'il était dans le giron de l'américain General Motors (GM), a rappelé jeudi le patron de PSA, Carlos Tavares, lors d'une conférence de presse pour présenter le plan stratégique d'Opel au siège de Rüsselsheim (ouest de l'Allemagne).

"Nous avons une véritable opportunité de sauver cette entreprise", a-t-il dit, en rappelant le spectaculaire redressement de PSA, au bord du gouffre au moment de son arrivée à la tête du groupe en 2014.

Après des réductions d'effectifs, une modernisation des usines et une restructuration complète de sa gamme de voitures, le groupe français affiche aujourd'hui des marges confortables, autour de 7% pour 2017, tirées en particulier par le succès de nouveautés de Peugeot, la marque au Lion. Et il recrute de nouveau.

Affirmant vouloir refuser toute "démagogie", M. Tavares a prévenu que des efforts seraient demandés aux salariés. "Seule la performance protège" et "personne ne peut considérer qu'il n'y a pas urgence", a-t-il prévenu.

Avec l'acquisition d'Opel et sa marque soeur anglaise Vauxhall, bouclée fin juillet pour 1,3 milliard d'euros, le groupe français est certes devenu le deuxième constructeur européen derrière l'allemand Volkswagen, avec quelque 17% de part de marché. Mais il a aussi fait un pari risqué, car sa cible a perdu 15 milliards de dollars depuis 16 ans et encore près de 450 millions de dollars lors du premier semestre de 2017.

Opel a annoncé jeudi vouloir réduire ses effectifs "sans départs contraints" et sans fermeture de site, tout en misant sur la croissance des ventes et l'électrique, pour retrouver la rentabilité d'ici à 2020. La firme emploie 38.000 personnes, dont la moitié en Allemagne.

Le plan d'économies pour Opel/Vauxhall permettra de réduire les coûts "de 700 euros par voiture", a estimé Michael Lohscheller, PDG du groupe depuis juin.

Grâce à des synergies annuelles avec la maison mère française de 1,1 milliard d'euros d'ici à 2020 et 1,7 milliard d'ici à 2026, le seuil minimum de véhicules vendus pour gagner de l'argent sera abaissé à 800.000 véhicules par an, a-t-il indiqué. Opel héritera notamment des plateformes et des motorisations de PSA.

- De l'électrique pour l'éclair -

La filiale allemande vise "une marge opérationnelle courante pour la division automobile de 2% d'ici à 2020, puis de 6% d'ici à 2026", a précisé M. Lohscheller.

"La réduction constante du coût du travail est une nécessité" et sera atteinte par un "aménagement du temps de travail, des programmes de départs volontaires ou dispositifs de retraite anticipée", a déclaré M. Lohscheller, sans dévoiler de chiffres.

Selon une source proche du groupe, le ratio masse salariale sur chiffre d'affaires est un peu inférieur à 16% chez Opel alors qu'il atteignait 11,4% à fin 2016 chez PSA. La moyenne d'âge élevée des effectifs en Allemagne permet cependant de compter sur de nombreux départs à la retraite ces prochaines années.

Le groupe a en tout cas "l'intention de conserver et moderniser toutes (s)es usines", a précisé M. Lohscheller. "Nous avons aussi une ambition de croissance", a-t-il souligné.

Opel ambitionne de se développer sur "plus de 20 nouveaux marchés à l'export d'ici à 2022", dont la Chine et le Brésil. La marque en était jusqu'ici empêchée par son ancienne maison mère américaine.

Le groupe veut en outre augmenter ses ventes sur le segment des véhicules utilitaires légers de 25% entre 2017 et 2020.

La marque à l'éclair va proposer une "offre électrifiée" sur toutes ses lignes de produits d'ici à 2024, alors que le respect des normes européennes de CO2 a été mentionné comme l'un de ses défis.

M. Lohscheller a enfin annoncé que le centre de recherche et développement de Rüsselsheim, qui emploie 7.700 ingénieurs, allait devenir "un centre de compétence global" pour le groupe PSA, notamment sur la pile à combustible et certaines technologies de conduite automatisée.

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