Objectif profits en 2018 pour Avtovaz (Renault-Nissan)

Le constructeur russe en difficultés Avtovaz, contrôlé par Renault-Nissan, espère renouer avec les bénéfices au plus tard en 2018, a indiqué mercredi à l'AFP son directeur général Nicolas Maure, nommé au printemps pour redresser le producteur des Lada.

"J'avais dit +pas avant 2018+, je dirais maintenant +pas après 2018+. On fait tout ce qui est nécessaire pour être en situation de profit à partir de 2018", a déclaré M. Maure en marge de l'ouverture du salon automobile de Moscou, dans un contexte d'effondrement du marché russe.

Les ventes de voitures neuves ont été divisées par deux en Russie depuis leur record de 2012, alors que le pays traverse une crise douloureuse pour le pouvoir d'achat des ménages. Cette situation est la conséquence de la chute des prix du pétrole et des sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne.

Numéro un du marché avec ses Lada, Avtovaz a subi de lourdes de pertes malgré la baisse drastique de ses effectifs engagée depuis la crise de 2008-2009. Ce déficit a plombé les comptes de Renault-Nissan, qui a investi lourdement pour prendre le contrôle du groupe et se tailler la part du lion sur le marché russe.

Pour redresser l'entreprise, l'alliance franco-japonaise et l'actionnaire russe public Rostec ont nommé à sa tête en avril M. Maure, qui dirigeait jusqu'à présent Dacia, marque roumaine relancée par Renault il y a dix ans. Il a remplacé Bo Andersson, un Suédois dont les relations étaient tendues avec les autorités russes en raison de ses méthodes jugées brutales socialement, sans résultat financier tangible.

 

Marché 'assez faible' en 2017

"La situation est plus favorable que ce que j'ai connu en arrivant, avec une demande qui se tient très bien", a assuré M. Maure. Il a souligné que les parts de marché d'Avtovaz en Russie en juillet 2016, à 20%, étaient supérieures de deux points à ses parts de marché en juillet 2015.

En juillet 2016, Lada s'est distingué de ses principaux concurrents avec une hausse de ses ventes de 4% sur un an, alors que le marché automobile russe restait orienté en plongeon de 16,6% par rapport à un an plus tôt.

Renault se prépare néanmoins à recapitaliser Avtovaz d'ici à la fin de l'année.

Pour l'année 2016, la fédération rassemblant les constructeurs implantés en Russie ne prévoit aucun répit malgré les signes de stabilisation de l'économie russe: elle table sur un plongeon de plus de 10% en 2016, contre -5% jusqu'alors.

Avtovaz a lancé plusieurs nouveaux modèles au cours des derniers mois dont la Lada Vesta, une berline qui s'est vendue à près de 30.000 exemplaires en Russie depuis le début de l'année.

Lada, qui vient de fêter ses 50 ans, a présenté un record de 19 modèles lors du salon de Moscou ainsi que six concept-cars dont la Lada XCode, un crossover designé par le Britannique Steve Mattin, arrivé de Mercredes en 2011.

"On est sur le scénario d'un marché 2017 restant assez faible. Il faut continuer à se battre pour gagner des parts de marché, augmenter la profitabilité tout en développant les exportations qui étaient tombées à un niveau historiquement bas au 1er semestre", a déclaré à l'AFP Nicolas Maure.

Le directeur est arrivé en avril pour redresser Avtovaz, qui a perdu 27 milliards de roubles (369 millions d'euros) au premier semestre.

 

Exportations

"La direction à moyen terme est d'aller chercher des pays au Moyen-Orient ou en Afrique", a-t-il ajouté. Avtovaz est confronté à la fermeture du marché ukrainien sur fond de tensions entre Moscou et Kiev, et à l'instauration de taxes à l'importation au Kazakhstan, une autre place forte du constructeur russe.

Cherchant à réduire ses coûts, Avtovaz avait instauré jusqu'à mi-août la semaine de quatre jours dans son usine de Togliatti, sur la Volga, qui a déjà vu ses effectifs réduits de moitié depuis 2008.

La mesure sera rétablie "de manière beaucoup plus sélective" d'octobre 2016 à février 2017, a poursuivi le patron d'Avtovaz.

"Il y avait un climat tendu sur le plan managérial, social et politique (à mon arrivée). Les premiers mois ont consisté à calmer le jeu, faire reprendre confiance aux gens, leur dire qu'il y a un futur pour Avtovaz, que les actionnaires et l'Etat russe étaient derrière eux", a assuré M. Maure, qui ajoute avoir "considérablement modifié le fonctionnement de l'entreprise" depuis son arrivée.

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