Nouvelle tricherie à l'ADBlue en Allemagne

Le gouvernement allemand a détecté sur des dizaines de camions une "manipulation" permettant de truquer le niveau de leurs émissions polluantes pour faire des économies, un phénomène dont l'ampleur est difficile à évaluer sur les routes européennes.

En 2018, sur quelque 13.000 poids-lourds dont le système de filtrage "AdBlue" a été contrôlé sur les routes allemandes, les autorités ont décelé 300 "défauts", selon une réponse du gouvernement allemand à une question des Verts obtenue mardi par l'AFP.

Sur 132 irrégularités constatées depuis août 2018, 84 étaient dues à une manipulation et non à un dysfonctionnement, précise le gouvernement, ajoutant que la différence entre défaillance et manipulation n'était pas enregistrée auparavant.

En cause: un boîtier coûtant une centaine d'euros et permettant de désactiver le système "AdBlue" et donc aux sociétés de transport de faire des économies, complète le quotidien Süddeutsche Zeitung (SZ), qui a révélé mardi la tricherie. Or, sans ces catalyseurs, les camions émettent aussi beaucoup plus de gaz polluants.

"Qu'il y ait plus de systèmes manipulés que défectueux est un signal d'alarme", pointe Stephan Kühn, député des Verts.

D'autant plus que "les composants nécessaires pour la manipulation deviennent de plus en plus petits et sophistiqués et donc plus difficiles à trouver" lors de contrôles, précise le gouvernement.

Selon le SZ, une telle manipulation peut se réaliser principalement sur les camions de norme Euro 5 et Euro 6 et permettrait de réduire d'un tiers les coûts de fonctionnement et d'entretien. Cette tricherie aurait aussi été décelée dans d'autres pays européens, notamment en Espagne.

Le boîtier "simule le fonctionnement du système AdBlue", selon le gouvernement: ainsi, celui-ci peut être désactivé sans que le véhicule n'alerte le conducteur ou réduise les performances du moteur.

Comme le système d'assainissement se désactive "sous -11 degrés", une autre méthode consiste à "manipuler les capteurs de température" pour "simuler une température plus basse", note le ministère des Transports.

Il est également possible de manipuler le logiciel de contrôle sans avoir recours à un boîtier externe, ajoute le ministère.

Les oxydes d'azote (NOx), associés à des troubles respiratoires et cardiovasculaires par une série d'études, suscitent de vifs débats politiques en Allemagne. En raison des niveaux élevés de ces gaz, la justice a imposé des interdictions de circulation des voitures diesel les plus polluantes dans plusieurs municipalités.

© 2019AFP