Nouvelle plainte contre Carlos Ghosn

Une actionnaire de Renault a porté plainte la semaine dernière à Nanterre contre Carlos Ghosn concernant des "sommes conséquentes" versées à "l'insu des actionnaires" à la filiale néerlandaise RNBV par le groupe automobile lorsqu'il le dirigeait, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

La plainte, rédigée le 18 mai, a été déposée auprès du parquet de Nanterre pour "présentation de comptes sociaux inexacts" et "non respect des seuils de consolidation des comptes sociaux d'une filiale", a indiqué à l'AFP le conseil de l'actionnaire, Me Jean-Paul Baduel, confirmant une information de Libération.

Outre Carlos Ghosn, trois anciens administrateurs sont aussi visés: Marc Ladreit de Lacharrière, Philippe Lagayette et Thierry Bolloré, également directeur général de Renault.

Selon la plainte, consultée par l'AFP, la filiale néerlandaise RNBV, incarnant l'alliance de Renault et Nissan, a bénéficié d'un budget de 562,8 millions d'euros entre 2009 et 2018, "dont la moitié versée par Renault", soit 281,4 millions d'euros.

"Les comptes sociaux de Renault ont été débités, entre 2010 et 2018, de plusieurs dizaines de millions d'euros susceptibles d'affecter le résultat net de la société et le dividende versé à l'actionnaire", accuse la plainte.

"Ces faits se sont déroulés à l'insu des actionnaires et un soin particulier a été pris pour leur dissimulation, ainsi qu'il ressort des instructions de M. Carlos Ghosn" à son entourage proche, toujours selon la même source.

"C'est la dénonciation de la caisse noire de RNBV", a indiqué à l'AFP Me Baduel, qui s'est appuyé sur le rapport du cabinet Mazars pour étayer ses accusations.

Cet audit sur la gestion de l'alliance par Carlos Ghosn, que l'ancien homme d'affaires franco-libanais conteste, avait été commandé par le groupe automobile en 2019.

Contactée, l'agence de communication de M. Ghosn n'a pas souhaité commenter.

L'ancien PDG de Renault-Nissan doit être entendu à Beyrouth, où il vit depuis sa fuite du Japon en décembre 2019, à partir de lundi par des magistrats de Nanterre et Paris dans des informations judiciaires distinctes.

A Nanterre, la justice le soupçonne d'avoir tiré un bénéfice personnel d'une convention de mécénat entre Renault et l'établissement qui gère le Château de Versailles, en y organisant deux soirées.

Les enquêteurs se penchent aussi sur des paiements considérés suspects entre RNBV et le distributeur du constructeur automobile français à Oman, Suhail Bahwan Automobiles (SBA).

A Paris, à la suite d'une plainte de la même actionnaire, des juges d'instruction s'intéressent depuis 2019 à des prestations de conseil conclus par RNBV avec l'ancienne garde des Sceaux Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer.

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