Normes 2020 : les constructeurs exposés à de lourdes amendes

Les constructeurs automobiles risquent des amendes allant de 500 millions à 1 milliard d'euros en cas de non-respect des normes européennes de CO2 pour 2020, ont alerté jeudi deux experts chargés d'un rapport sur l'automobile par Emmanuel Macron.

Xavier Mosquet, spécialiste de l'automobile au sein du cabinet de conseil BCG, et Patrick Pelata l'ancien directeur général de Renault, ont présenté leur rapport sur le futur de l'industrie automobile française, commandé en octobre par Emmanuel Macron.

Ils ont notamment mis en avant le risque financier auquel s'exposaient les constructeurs européens ne respectant pas les normes européennes de CO2 fixées pour fin 2020.

Un accord conclu en 2013 entre le Parlement européen et la Commission européenne donne aux constructeurs automobiles jusqu'au 31 décembre 2020 pour réduire les rejets de dioxyde de carbone (CO2) des voitures particulières à 95 grammes par kilomètre, faute de quoi les groupes devront s'acquitter d'une amende de 95 euros par voiture vendue et par gramme excédentaire.

En 2018, ces émissions atteignaient en moyenne 118 grammes par kilomètre, selon les spécialistes.

"On a fait des calculs, compte tenu de ce qu'ils font aujourd'hui, s'ils n'atteignent pas leur trajectoire, on parle d'amende entre 500 millions et 1 milliard d'euros par constructeur", à payer en 2021, sur les résultats de 2020, selon les experts .

La dégringolade du marché des voitures diesel, moins émettrice en CO2 que l'essence, met également au défi les groupes automobiles qui doivent revoir à la hâte leur organisation industrielle.

Face à ces risques, mais aussi pour tenter de rattraper la concurrence asiatique, la France et l'Allemagne prévoient de développer un "Airbus des batteries" pour les voitures électriques, projet pour lequel Emmanuel Macron a annoncé mercredi débloquer 700 millions d'euros sur cinq ans.

Le gouvernement a affiché l'objectif d'avoir un million de véhicules électriques d'ici 2022. Objectif "atteignable", selon les spécialistes, mais qui suppose un "gros travail auprès de l'offre" comme le développement d'un marché du véhicule d'occasion et des produits à prix d'entrée, afin de concurrencer le véhicule à moteur à essence.

"Il y a des pays qui seront en retard, ce qui veut dire que les grands pays comme la France et l'Allemagne doivent être en avance", a insisté Xavier Mosquet, le calcul étant réalisé sur une moyenne européenne des émissions.

"Ce qui devrait être intéressant, c'est le cas de l'Italie" a ajouté Patrick Pelata, où Fiat Chrysler Automobiles est "quand même très impliqué et où pour l'instant le gouvernement ne fait pas grand chose", insistant qu'il y avait un "gros risque financier pour le constructeur".

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