Encore acteur de second rang en Chine, Nissan affiche d'ambitieux objectifs: il vise dans le pays des ventes annuelles d'au moins 2,6 millions de véhicules d'ici 2022, contre 1,52 million d'unités écoulées en 2017, a-t-il annoncé.
Or, le plus gros de cette progression viendra des voitures électriques et hybrides, a assuré Jun Seki, responsable des opérations de Nissan en Chine, lors d'une conférence de presse à Pékin. Un créneau très disputé que le gouvernement chinois s'efforce d'encourager vigoureusement.
Nissan veut introduire en Chine 20 modèles électrifiés en Chine d'ici 2022, date à laquelle les voitures électriques et hybrides représenteront 30% de ses ventes locales, assure-t-il. La barre est haute: le nippon n'a vendu l'an dernier en Chine qu'environ 22.000 véhicules électriques, surtout des utilitaires légers.
L'investissement de 60 milliards de yuans (7,6 milliards d'euros), dont la destination n'est pas précisée, sera notamment destiné à financer ce développement dans l'électrique: il sera mené par Dongfeng Motor Co., la coentreprise qu'il possède depuis 2003 avec le constructeur chinois Dongfeng.
Sur ce créneau, Nissan peut se targuer hors de Chine du succès de sa citadine tout électrique Leaf. Mais il devra affronter sur le marché chinois une rivalité féroce. Soucieux d'endiguer la pollution, Pékin va soumettre dès 2019 tous les constructeurs à d'ambitieux quotas de "véhicules propres", calculés selon un système de crédits.
Cette perspective a électrisé le secteur, les constructeurs occidentaux se précipitant pour forger des partenariats spécifiques avec des groupes chinois -- une obligation réglementaire --, tout en gonflant leurs investissements.
Eldorado de l'électrique
Ford a dévoilé en novembre une coentreprise dans l'électrique avec le chinois Zotye Auto, avec un investissement conjoint de 650 millions d'euros.
L'allemand Volkswagen s'est lui associé au groupe public JAC, promettant en novembre d'investir 10 milliards d'euros dans les véhicules électriques et hybrides en Chine.
L'alliance Renault-Nissan, elle, a crée l'été dernier avec Dongfeng une coentreprise baptisé eGt New Energy Automotive, destinée à produire des "véhicules électriques compétitifs".
De leur côté, les constructeurs chinois, qui dominent le marché local des véhicules propres, améliorent rapidement leurs propres technologies.
"Localement, la concurrence s'est intensifiée bien plus rapidement qu'attendu", a reconnu M. Seki, admettant un retard de Nissan, qui redoutait initialement de "sur-investir" en Chine.
Pourtant, Nissan a écoulé l'an dernier presque autant de véhicules en Chine qu'aux Etats-Unis, signe de l'importance du géant asiatique pour son chiffre d'affaires.
De fait, le vaste marché chinois reste crucial pour les constructeurs internationaux malgré son essoufflement -- les ventes automobiles n'y ont progressé que d'un maigre 3% l'an dernier, à 28,9 millions d'unités. Sur ce total, les ventes de véhicules hybrides et électriques constituent une goutte d'eau (777.000 unités) mais ont bondi de 53%.
Dans l'ensemble, toutes catégories de véhicules confondues, Nissan assure avoir vu sa part de marché en Chine progresser à 5,6%, contre 5% en 2016. Mais il reste très loin derrière General Motors (4,04 millions de véhicules vendus) et de Volkswagen (3,2 millions de véhicules).
L'objectif est néanmoins pour la co-entreprise Nissan-Dongfeng d'intégrer d'ici 2022 le trio de tête des constructeurs automobiles en Chine tout en gonflant de 60% ses revenus nets annuels.
Pour y parvenir, le japonais espère tripler en cinq ans les ventes sur sa marque premium Infinity, ainsi que celles de sa gamme à bas coût Venucia, conçue pour concurrencer les marques locales peu onéreuses des constructeurs chinois.
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