Nissan dément vouloir dissoudre l'alliance avec Renault

Nissan "n'a pas du tout l'intention de dissoudre" son alliance avec Renault et Mitsubishi Motors, a assuré mardi le constructeur japonais, sans toutefois parvenir à effacer le trouble suscité par de fraîches spéculations en ce sens dans les médias.

"L'alliance est à l'origine de la compétitivité de Nissan. Avec l'alliance, pour générer une croissance de long terme et rentable, Nissan va chercher à continuer à obtenir des résultats gagnants-gagnants" pour les trois sociétés, a ajouté le groupe, qui tenait un conseil d'administration ce mardi à son siège de Yokohama (ouest de Tokyo).

Auparavant, une source proche de Nissan interrogée par l'AFP avait elle aussi démenti des informations du Financial Times qui avait fait part de "plans secrets" de sortie de l'alliance échafaudés par certains dirigeants du groupe japonais.

Ces "fantasmes" émanent probablement de "quelques âmes chagrines" au sein du constructeur, "prêtes à épancher leur frustration", avait estimé cette source.

Tant Nissan que Renault tentent toujours de tourner la page de l'ère Carlos Ghosn, dont l'arrestation puis l'inculpation au Japon fin 2018 a affaibli leurs liens étroits.

Le rétablissement de la confiance entre les deux groupes "prendra du temps", même si leurs nouveaux dirigeants "sont convaincus que sans l'alliance les deux sociétés ne vont nulle part", avait ajouté la source proche de Nissan.

 

"On n'a pas le choix"

"L'alliance Renault-Nissan n'est pas morte! On le démontrera bientôt", avait aussi affirmé quelques heures plus tôt le président de l'alliance et de Renault, Jean-Dominique Senard, dans un entretien au quotidien belge L'Echo.

Des annonces pourraient être dévoilées à l'issue de la prochaine réunion du conseil opérationnel de l'alliance fin janvier au Japon, selon la source proche de Nissan interrogée par l'AFP.

"Aucun dirigeant de nos trois groupes ne doute de l'utilité fondamentale de l'alliance. On n'a pas le choix. On doit réussir. Tout ce dont on discute aujourd'hui c'est de cela", a insisté M. Senard, rappelant que les "investissements considérables" que les constructeurs automobiles doivent engager pour réussir leur mutation technologique plaident en faveur de l'association.

Mercredi dernier lors sa conférence de presse à Beyrouth après sa fuite du Japon, l'ancien grand patron de l'alliance, Carlos Ghosn, avait réglé ses comptes avec ses successeurs, lançant qu'il n'y avait "plus d'alliance Renault-Nissan" et balayant la stratégie du consensus, qui ne "fonctionne pas" selon lui.

 

"Informations malveillantes"

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire est aussi monté au créneau mardi sur la chaîne CNEWS, qualifiant de "malveillantes" les informations du Financial Times et déplorant "beaucoup de manipulations" dans les intentions prêtées à Nissan.

Ces allégations "sont là pour déstabiliser le groupe, semer le trouble à un moment où, au contraire, nous sommes en train de redresser cette alliance entre Renault et Nissan qui effectivement a traversé des difficultés", a poursuivi le ministre. L'Etat français est actionnaire de Renault à hauteur de 15%.

Renault n'a toujours pas nommé de nouveau directeur général pour succéder à Thierry Bolloré, tandis que Nissan s'est doté depuis début décembre d'un nouveau directeur général, Makoto Uchida, ainsi que d'un nouveau directeur opérationnel, Ashwani Gupta, deux personnalités ouvertement favorables à l'alliance.

Cependant fin décembre, la démission surprise du numéro trois de Nissan, Jun Seki, qui était réputé être plus méfiant vis-à-vis de l'alliance, avait déjà ravivé les craintes de divisions internes persistantes au sein du groupe japonais.

Les dernières spéculations sur l'avenir de l'alliance ont malmené les titres de Renault et Nissan: le premier a lâché 2,82% lundi à la Bourse de Paris, tandis que le second a terminé mardi sur une chute de 2,96% à 618 yens à la Bourse de Tokyo, qui était fermée lundi.

etb-clp/evs

© 2020AFP