Nissan cherche un successeur à Saikawa, tombeur de Ghosn

Alors que Nissan prépare un plan de départ de 10 000 salariés, le numéro un du constructeur devrait être de ceux-là, sanction d'une gestion calamiteuse de la marque.

On ne se cache plus pour en parler. Désormais, le dossier est ouvert devant les journalistes, sans plus de précaution diplomatique que cela. En effet, Nissan a indiqué, par la voix d'un de ses administrateurs, vouloir préparer « au plus vite » la succession de son patron Hiroto Saikawa, fragilisé par l'affaire Ghosn et des résultats catastrophiques.

« Une des questions les plus cruciales est de commencer le processus pour identifier un successeur dès que possible », a déclaré Masakazu Toyoda, responsable du comité de nomination, lors d'une rencontre informelle avec des journalistes à Yokohama (banlieue de Tokyo), où se trouve le siège le constructeur.

« Combien de temps cela va-t-il prendre  ? Je ne devrais pas me prononcer prématurément, mais nous devons être prêts à tout moment », a-t-il ajouté.

Nissan doit publier jeudi ses résultats du premier trimestre de l'exercice 2019/2020 (avril-juin), qui seront marqués par un plongeon de ses profits, et annoncer à cette occasion de drastiques réductions d'effectifs touchant plus de 10 000 des 139 000 salariés du groupe, selon les médias japonais.

 

Échec du management Saikawa

Le constructeur nippon, sauvé de la faillite par Carlos Ghosn au tournant des années 2000, a longtemps affiché une santé florissante, mais il bat de l'aile depuis que Hiroto Saikawa en a pris les commandes exécutives au printemps 2017. Et la situation s'est fortement dégradée ces derniers mois alors qu'il opère un virage stratégique après l'arrestation et le limogeage de M. Ghosn.

M. Saikawa est en outre fragilisé par de récentes allégations formulées par un ex-administrateur de Nissan, Greg Kelly, également interpellé.

Dans une interview publiée en juin par un mensuel japonais, ce dernier a rappelé que Hiroto Saikawa avait lui-même apposé sa signature sur un document avalisant une minoration de revenus de M. Ghosn, lequel est sous le coup de deux inculpations par la justice japonaise pour ce volet. Nissan a pour sa part été mis en examen, mais pas son patron.

Surtout, selon M. Kelly, M. Saikawa aurait en outre enfreint les règles de la compagnie pour s'offrir une propriété à Tokyo. « Une investigation est en cours au sein de Nissan », a précisé mercredi Yasushi Kimura, qui préside le conseil d'administration.

Carlos Ghosn, cloué à Tokyo par son assignation à résidence dans l'attente de son procès, ne devrait pas être mécontent de cette tardive revanche. Quant à l'alliance avec Renault, il est plus que temps de la relancer sur de nouvelles bases, Saikawa ne pouvant de toute évidence s'intégrer dans un nouveau dispositif.

© 2019AFP