Nissan au plus bas depuis 10 ans, les résultats de Renault souffrent

La dégringolade des résultats annuels de Nissan était attendue. Mais pas au niveau annoncé ce mardi : le constructeur japonais a dégagé un bénéfice net en baisse de 57% sur un an, soit le plus bas profit enregistré depuis dix ans.

Sur l’exercice clos fin mars, le constructeur japonais a dégagé un bénéfice net en baisse de 57% sur un an, à 319 milliards de yens (2,5 milliards d’euros), très loin de son objectif initial. Il faut remonter à 2010/11 pour trouver des profits aussi bas: à l’époque, Nissan se remettait lentement de la crise financière mondiale et venait d’être touché par les effets industriels des terribles séismes et tsunami de mars 2011.

 

"L’héritage négatif"

Le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, reconnaît  des "résultats médiocres", mais il les met sur le compte de son ancien patron.  "La plupart des problèmes que nous rencontrons sont l’héritage négatif de la précédente direction", dit-il en référence à l’ère Ghosn, qui a duré près de deux décennies.

Celui qui a pris les commandes exécutives du constructeur en avril 2017 a ainsi blâmé "des investissements excessifs" et une artificielle course aux volumes qui a longtemps masqué le vieillissement des modèles.

Il y a aussi eu l’impact de l’affaire Ghosn elle-même, que Nissan a largement contribué à déclencher. "Pour vous dire la vérité, il y a eu un moment où nous n’avons pas pu nous concentrer sur notre activité", juste après l’arrestation surprise de M. Ghosn le 19 novembre sur des soupçons de malversations, souligne Hiroto Saikawa.

 

5,5 millions de véhicules écoulés

L’affaire a aussi déstabilisé l’alliance formée avec Renault et Mitsubishi Motors, mais le patron de Nissan juge prématuré tout projet d’intégration. Ces chiffres paraissent dans un contexte tendu entre le constructeur japonais et son partenaire Renault à la suite de fuites auprès des médias qui se sont multipliées depuis deux semaines.

Nissan, pionnier de la technologie électrique avec sa citadine Leaf et fabricant des crossovers Rogue, Qashqai et X-Trail, a écoulé 5,5 millions de véhicules, subissant de fortes baisses de ventes dans ses marchés phare des États-Unis et d’Europe, et ne prévoit pas de rebond rapide dans ces régions.

Par conséquent, le résultat net devrait encore chuter de moitié cette année, prévient Hiroto Saikawa.

 

Les mauvais résultats de Nissan coûtent à Renault 56 M EUR au 1T

Nissan, détenu à 43 % par le groupe Renault, a été un pilier de la rentabilité du groupe au losange ces dernières années. La dernière contribution négative remontait à 2009 (-902 millions d'euros sur l'exercice complet), a précisé Renault à l'AFP.

Sur l'ensemble de 2018, la contribution de Nissan aux résultats de Renault avait déjà baissé de près de moitié par rapport à 2017, mais avait tout de même atteint 1,51 milliard d'euros, soit environ la moitié du bénéfice net du groupe français (3,3 milliards).

"On ne peut que déplorer les résultats de Nissan. Ce qui est mal pour Nissan est mal pour Renault et inversement. Et ces résultats ne sont pas une bonne nouvelle pour l'alliance", a déclaré à l'AFP un porte parole de Renault.

 

© 2019AFP