Moody's abaisse la note de Nissan, sceptique sur son redressement

L'agence de notation Moody's a abaissé vendredi la note de la dette à long terme de Nissan, jugeant que son redressement allait prendre "des années" et évoquant ses inquiétudes sur la gouvernance après l'éviction de Carlos Ghosn.

L'appréciation du groupe automobile japonais est dégradée d'un cran, à "A3", dernier échelon de la catégorie des "émetteurs solides mais susceptibles d'être affectés par des changements de la situation économique".

Cette décision "reflète la glissade continue de la rentabilité de Nissan, sous l'effet de ventes médiocres aux Etats-Unis, son principal marché", a commenté Motoki Yanase, vice-président de Moody's, cité dans le communiqué.

Nissan a vu ses bénéfices plonger sur l'exercice clos en mars 2019, et l'année en cours s'annonce tout aussi sombre. Le constructeur est très fragilisé depuis l'arrestation en novembre de M. Ghosn, celui qui l'avait sauvé de la faillite en 1999.

A l'origine de l'enquête interne qui a fait tomber le magnat de l'automobile, Nissan l'a aussitôt limogé de la présidence du conseil d'admnistration et a mis en place une nouvelle stratégie. Mais "son succès va mettre plusieurs années pour se concrétiser", estime Moody's.

Il faudra "du temps aussi pour prouver l'efficacité du nouveau cadre de gouvernance" annoncé par Nissan, ajoute l'agence, "alors que persistent les incertitudes sur la direction et l'actionnariat".

Les tensions sont vives entre Nissan et son premier actionnaire Renault, qui détient 43% de son capital. Le groupe français veut resserrer les liens de l'alliance qui compte aussi Mitsubishi Motors, mais son allié nippon ne veut pas entendre parler d'une intégration poussée.

Ce désaccord "sur l'architecture future de l'alliance pourrait entraver les efforts des deux entreprises pour améliorer les synergies", insiste Moody's.

Nissan a déjà été sanctionné cette semaine par une autre agence de notation: S&P Global Ratings a baissé lundi la perspective de la note de "stable" à "négative".

"Il est peu probable" que les membres de l'alliance "parviennent à un accord rapidement sur la forme future de coopération", avait-elle fait valoir, ce qui pourrait "affaiblir davantage encore l'image de Nissan et retarder les projets de collaboration dans des domaines clés".

anb/evs

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