Mobilité: transports en commun encore trop négligés

De nombreuses villes du monde continuent de s'étendre sans prendre suffisamment en compte les besoins en transports en commun, souligne un rapport publié mardi, qui s'alarme des conséquences sur la qualité de vie, la pollution, le climat.

L'Institute for Transportation and Development Policy (ITDP), organisation à but non lucratif, s'est intéressé à 26 villes, calculant la part de leurs habitants résidant à moins d'un km d'une station de transport public efficient (métro, tram, RER, bus à haut niveau de service...).

Résultat: la plupart des grandes agglomérations servent à peine la moitié de leur population correctement.

La ville qui s'en sort le mieux est Paris, avec 100% de résidents installés non loin d'un accès à l'un de ces modes de déplacement. Mais à l'échelle de l'agglomération, la part des gens bien desservis tombe à 50%.

Cette différence entre coeur urbain et banlieue se vérifie ailleurs. "Cela montre que l'expansion urbaine va plus vite que l'investissement dans les transports en commun, au détriment d'une croissance durable et équitable", alerte l'étude.

La tendance se répète -- bien que moins tranchée qu'en France: 99% de Barcelonais habitent près de transports en commun (76% au niveau de la métropole), 91% des Londoniens (61% des habitants sur l'ensemble de l'agglomération).

Aux Etats-Unis, les chiffres dégringolent: 40% d'habitants bien desservis dans le coeur de Chicago, 14% sur l'ensemble de l'agglomération, 24 et 11% à Los Angeles!

Les réseaux de Pékin et Séoul (mégalopoles les plus peuplées incluses dans l'étude) sont également insuffisants, tout en desservant un grand nombre de personnes: 60% des Pékinois ont un bon accès, 46% au niveau de l'agglomération (sur un total de 23,7 millions de personnes!); 83% de la population de Séoul (45% banlieue incluse).

Au 20e siècle, le modèle urbain dominant était la ville de faible densité tournée vers la voiture, rappelle l'ITDP: "Et les résultats ont été désastreux, à la fois pour la population et la planète".

La population urbaine devrait augmenter de plus de 60% d'ici 2050, soit 2,5 milliards d'individus supplémentaires.

"Les transports de masse devraient croître avec les villes, et pourtant dans la plupart des territoires, les pouvoirs publics comptent encore sur le trafic automobile comme premier mode de transport", déplore Clayton Lane, le président de l'ITDP.

"Les routes urbaines sont déjà congestionnées, alors que seuls 10 à 30% des gens possèdent une voiture! Les autorités devraient servir mieux les 70-90% restants", ajoute-t-il, invoquant aussi la priorité climatique: "les impacts du réchauffement peuvent encore être atténués s'il y a assez de volonté politique. La poursuite d'un développement basé sur la voiture, partout dans le monde, est un exemple parfait de cette tragédie".

© 2016AFP