Mitsubishi : tests non conformes depuis 25 ans... au Japon

Le groupe automobile japonais Mitsubishi Motors, empêtré dans un scandale de fraude, a assuré mercredi que les véhicules vendus à l'étranger avaient été soumis à des tests de performances énergétiques homologués, contrairement à plusieurs modèles commercialisés au Japon.

Les voitures vendues à l'étranger "ont été testées selon des méthodes appropriées", a déclaré le président du conseil d'administration, Osamu Masuko, lors d'une conférence de presse.

"Nous pensons qu'elles ne sont pas concernées (par le scandale) et en termes de ventes, elles n'ont pas été affectées en avril", a-t-il ajouté, tandis que dans l'archipel, les commandes ont chuté depuis les premières révélations.

Selon des informations de presse, la consommation de carburant de presque tous les modèles de véhicules vendus au Japon depuis 1991 a été mesurée selon des tests non conformes à la loi.

Outre les quatre mini-voitures déjà en cause, le constructeur a dit avoir "des suspicions" sur plusieurs modèles, dont "neuf toujours en vente", qui pourraient effectivement avoir été soumis à des contrôles non conformes à loi ainsi qu'à des calculs fallacieux. "L'enquête est en cours, et les conclusions seront annoncées séparément plus tard".

"Ce ne sont pas seulement les mini-automobiles (cylindrée de moins de 660 cm3) mais aussi les gabarits traditionnels et les gros véhicules", a écrit mercredi le quotidien japonais Asahi qui indique que "y compris des gammes qui ne sont plus dans le commerce", cela étend le scandale "à plusieurs dizaines de modèles", notamment les très connus 4X4 Pajero, les compacts Lancer ou encore les Colt.

Citant "une personne proche du dossier", l'Asahi précise que seulement trois modèles de fabrication Mitsubishi ont été testés selon des procédures conformes à la réglementation.

 

Se redresser seul

Mitsubishi Motors a dans un premier temps, en avril, avoué des manipulations de données sur quatre modèles de mini-voitures. Il a ensuite reconnu avoir utilisé des tests non homologués au Japon depuis 25 ans, sans alors préciser le nombre de modèles et d'exemplaires concernés.

Le constructeur a blâmé des objectifs trop ambitieux, qui ont poussé les employés à falsifier les tests afin d'embellir les performances énergétiques des véhicules, de l'ordre de 15% dans certains cas. "Ils se sont sentis obligés d'atteindre à tout prix les objectifs requis par la direction", a-t-il expliqué, même si ceux-ci n'étaient "pas réalistes".

Pour l'heure, le groupe n'a pu donner de chiffres que pour les mini-véhicules fabriqués depuis 2013, à savoir 625.000 au total, dont 468.000 produites pour son compatriote et partenaire Nissan.

Il avait déjà dit que ce nombre n'était que partiel, et la facture risque d'être extrêmement lourde si les affirmations de l'Asahi se révèlent exactes.

Nissan a l'intention de faire payer à Mitsubishi Motors les dommages et intérêts qu'il entend verser aux automobilistes lésés, et Mitsubishi Motors va aussi devoir compenser ses propres clients et s'acquitter d'éventuelles amendes des autorités.

Face à cette affaire désastreuse pour sa réputation, déjà ternie par des camouflages de défauts sur divers véhicules dans les années 2000, le groupe est dans une très mauvaise posture.

Mercredi, il a assuré pouvoir gérer la crise avec ses propres ressources, sans avoir à recourir à l'aide des sociétés de la galaxie Mitsubishi qui étaient venues à son secours par le passé.

"Il n'y a pas eu de discussions concrètes" à ce sujet, a affirmé M. Masuko. "Nos finances sont relativement saines. A ce stade, je pense que nous pouvons nous en sortir seuls", a-t-il poursuivi, promettant par ailleurs "des réformes drastiques".

hih-kap-anb/uh/spi

© 2016AFP