Michelin : rentabilité en hausse, ventes en baisse

Michelin a publié mardi un bénéfice net en hausse de 43,3% pour 2016 à 1,66 milliard d'euros, améliorant encore sa rentabilité opérationnelle malgré un recul du chiffre d'affaires principalement dû aux changes et aux matières premières.

Les ventes nettes du manufacturier français de pneumatiques se sont ainsi repliées de 1,4% par rapport à 2015 à 20,9 milliards d'euros, alors que les volumes écoulés ont enregistré une progression de 2,1%, "supérieure aux marchés", a précisé l'entreprise dans un communiqué.

Côté chiffre d'affaires, l'effet favorable des volumes a toutefois été quasiment annulé par un "effet prix-mix négatif" (c'est-à-dire l'évolution des prix entre les différentes gammes de produits), représentant 1,9 point de croissance et correspondant pour moitié aux clauses d'indexation sur les coûts des matières premières.

Michelin a de plus pâti des effets de change, ceux-ci pesant de 1,7 point sur la croissance du chiffre d'affaires, conséquence notamment de la baisse de la livre sterling sur fond de Brexit.

"Les résultats 2016 montrent un net progrès par rapport à ceux de l'année précédente", s'est réjoui mardi le président du manufacturier, Jean-Dominique Senard, en remarquant que son groupe avait "atteint tous les objectifs qu'il s'était fixés pour l'année", notamment une "croissance supérieure à celle de nos marchés et une génération de trésorerie très significative".

L'entreprise visait en 2016 "un résultat opérationnel sur activités courantes en croissance hors effet de change" et celui-ci a progressé de 4,5% à 2,69 milliards d'euros. Quant au flux de trésorerie libre structurel, il s'est établi à 961 millions d'euros contre un objectif de 800 millions.

Michelin a une nouvelle fois amélioré sa rentabilité opérationnelle, sa marge sur activités courantes s'établissant à 12,9% l'année dernière contre 12,2% en 2015 et 11,1% l'année précédente.

Ses investissements sont restés stables à 1,8 milliard d'euros, de même que ses effectifs (111.708 employés), tandis que son endettement net est tombé à 944 millions d'euros, synonyme d'une baisse de deux points de son ratio d'endettement au faible niveau de 9%.

 

Sérénité quant au Brexit

Ces résultats nous rendent "extrêmement confiants pour l'avenir", a ajouté M. Senard lors d'une conférence de présentation à Paris, confirmant les objectifs d'une hausse des ventes nettes de 20% entre 2015 et 2020, année où la rentabilité des capitaux employés devrait atteindre 15% contre 12,1% en 2016.

L'accueil de la Bourse a été favorable, le titre Michelin gagnant 2,45% à 10h45 dans un marché stable.

Michelin réalise 57,9% de son activité dans la branche "tourisme camionnette", dont les ventes ont augmenté de 0,6% l'année dernière (+3% en volume), pendant que la marge opérationnelle bondissait de 1,6 point à 13,1%.

Le chiffre d'affaires de la branche "poids lourd" (28,5% du total) a en revanche chuté de 4,2%, bien que les volumes aient crû de 1%, selon Michelin qui a pointé un "environnement concurrentiel soutenu dans l'ensemble des zones géographiques".

La marge opérationnelle de cette branche a baissé de 0,7 point à 9,7%. Le solde du chiffre d'affaires provient des "activités de spécialités" qui incluent les pneus destinés aux engins agricoles et de chantier. Les ventes nettes de cette branche à très forte marge (stable à 18,6%) ont chuté de 3,6% et les volumes baissé de 1%.

Pour 2017, Michelin a indiqué ambitionner "un résultat opérationnel sur activités courantes supérieur ou égal à celui de 2016 hors effets de change" et un flux de trésorerie libre structurel supérieur à 900 millions d'euros.

Michelin a prévenu que l'exercice 2017 serait marqué par une hausse des matières premières, avec un impact négatif estimé à 900 millions d'euros, et promis d'y répondre par le "pilotage agile" de ses prix.

La société avait d'ailleurs annoncé début février qu'elle allait augmenter le prix de ses pneumatiques en Europe de jusqu'à 8%. M. Senard a indiqué que le Brexit avait jusqu'ici un effet "globalement limité" et "complexe" sur Michelin.

Au Royaume-Uni, "il a fallu augmenter nos prix pour compenser cette baisse de la livre sterling", mais d'un autre côté, l'usine écossaise de Michelin a bénéficié d'un "élément de compétitivité favorable" à l'exportation.

"Il est trop tôt pour en tirer des conséquences définitives", a-t-il ajouté, se disant "serein".

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