Michelin renoue avec la croissance sans convaincre

Le fabricant de pneus Michelin a renoué au premier semestre avec la croissance, après une année 2014 qui l'avait poussé à intensifier son plan d'économies, et revoit même à la hausse ses objectifs pour l'année.

Le bénéfice net semestriel ressort en hausse de 13,3%, à 707 millions d'euros, tandis que son chiffre d'affaires est en croissance de 8,5%, à 10,5 milliards d'euros. Le résultat opérationnel, indicateur privilégié par le groupe, est en hausse de 9%, à 1,2 milliard d'euros, a annoncé Michelin mardi.

Cependant la Bourse a peu apprécié ces résultats. Hier, le titre a chuté (-6,07% à 89,76 euros). Cette publication est "assez nettement inférieure aux attentes", a observé Xavier de Villepion, un vendeur d'actions de HPC. "Les ventes enregistrent certes un léger mieux, mais le résultat opérationnel et la marge opérationnelle sont au-dessous des attentes" avec en outre "une dette qui a aussi augmenté", a-t-il ajouté.

Le groupe clermontois explique notamment ses résultats par des volumes de ventes en hausse de 2,4%, une augmentation supérieure aux marchés. "Chaque fois que le marché nous l'a permis, nous avons plutôt fait mieux que le marché", s'est réjoui son président, Jean-Dominique Senard, lors d'une conférence de presse.

"Avec une demande de pneus qui devrait rester en croissance dans les zones matures et plus difficile dans les nouveaux marchés, le groupe a pour objectif au second semestre de poursuivre la tendance de croissance observée au premier semestre", a indiqué Michelin dans un communiqué.

Le groupe, qui tablait pour 2015 sur une croissance des volumes en ligne avec celle du marché, vise désormais une croissance supérieure au marché. Par ailleurs, le flux de trésorerie (cash flow), qui était attendu autour de 700 millions d'euros, devrait en réalité être supérieur.

Pas de changement en revanche pour le résultat opérationnel, qui devrait être en croissance sur l'année.

"Au niveau des volumes (...), compte tenu de la hausse des marchés matures qui va se poursuivre, le groupe va continuer à prendre avantage et à croître sur ces marchés", a estimé le directeur financier, Marc Henry, précisant que les prix en Europe vont augmenter.

Au premier semestre, le cash flow est négatif de 100 millions d'euros hors acquisitions, en amélioration de 132 millions d'euros par rapport au premier semestre 2014, "conforme à l'objectif annuel du groupe", précise Michelin dans un communiqué de presse.

 

Variations de change favorables

La hausse des volumes a ainsi permis de compenser la baisse des prix, liée pour partie à la baisse du coût des matières premières.

Néanmoins, cette baisse devrait permettre à Michelin d'économiser environ 600 millions d'euros sur l'ensemble de l'année. Sur le semestre, elle a eu un effet positif sur les comptes du groupe au bibendum, à hauteur de 228 millions.

Les variations de change ont également été favorables, à hauteur de 302 millions d'euros, en raison du "retrait de l'euro face aux principales devises opérationnelles du groupe", explique-t-il.

Mais certains coûts, de production notamment, ont augmenté, et ont coûté 90 millions d'euros sur le semestre. Michelin estime que "la poursuite du plan de compétitivité permettra de compenser l'inflation des coûts sur l'année".

Début 2015, le groupe avait intensifié son plan d'économies, après avoir enregistré pour l'ensemble de 2014 un chiffre d'affaires et un bénéfice net en baisse, malgré un premier semestre au cours duquel son bénéfice net avait bondi de 23% à 624 millions d'euros.

Sur les six premiers mois de 2015, Michelin a réalisé des acquisitions pour un montant total de 119 millions d'euros. Il a notamment créé avec Barito Pacific Group une coentreprise pour produire du caoutchouc naturel éco-responsable en Indonésie et a acquis 100% de la société Blackcircles.com, numéro un des pneus sur internet au Royaume-Uni.

Hors ces acquisitions, les investissements s'élèvent à 632 millions d'euros.

Un programme de rachat d'actions de 750 millions d'euros avait été annoncé en avril. La première tranche, de 250 millions, est "quasiment achevée".

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