Michelin: expertise pour employés en perte de repères

Les principaux syndicats et la direction du fabricant français de pneumatiques Michelin ont voté mercredi en faveur d'une expertise pour évaluer les problèmes psycho-sociaux dénoncés par les syndicats dans le cadre de la réorganisation menée dans le groupe.

Le comité d'entreprise extraordinaire convoqué mercredi à la demande des syndicats CFE-CGC, CFDT, SUD et CGT s'est déclaré en faveur "d'une expertise d'un cabinet privé" sur les problèmes dénoncés, a déclaré à l'AFP Denis Paccard, délégué du syndicat CFE-CGC.

"Il faut qu'on aille le plus vite possible car il y a urgence par rapport à ce qu'on constate, on va faire en sorte de lever le voile" sur ce dossier, a indiqué M. Paccard, évoquant "une véritable perte de sens" pour les employés face à la réorganisation annoncée en juin 2017.

"Les gens ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux, les modes de fonctionnement ne sont pas définis et partagés avec les salariés", poursuit-il, précisant que ces problèmes touchent surtout le personnel des sites tertiaires, principalement à Clermont-Ferrand et Boulogne-Billancourt, soit environ 8.000 personnes.

Dans une conférence de presse téléphonique, la directrice des relations sociales France du géant du pneumatique Sophie Benchetrit-Balmary a déclaré que la direction n'avait pas "été complètement surprise par la demande des syndicats".

"La perte de repères de certains", a-t-elle précisé, survient dans un contexte de changements avec "la digitalisation et un nouveau système de +management+" dans les services, conjugué à un plan de départs volontaires lancé en début d'année.

"Cette transformation est profonde, il faut du temps pour qu'elle se construise et se stabilise", a-t-elle estimé, assurant de la volonté de la direction de "poursuivre le travail" après cette première approche.

Le groupe et les représentants du personnel devront préciser les contours de l'étude avec le vote d'une lettre de mission lors d'un CE ordinaire le 22 novembre.

Michelin a annoncé en juin 2017 une réorganisation au niveau mondial, prévoyant la concentration sur ses sites français des emplois à forte valeur ajoutée. Le géant du pneumatique prévoit d'ici 2021 le départ de 5.000 salariés en France pour seulement 3.500 recrutements.

Le fief historique du groupe à Clermont-Ferrand doit en payer le plus lourd tribut, avec 970 départs à la retraite non remplacés, dont 290 seront relocalisés dans d'autres pays où le groupe est présent. A ce jour, 457 personnes ont déjà quitté l'entreprise, selon la direction.

Plus de 23.000 personnes travaillent chez Michelin en France, pour un total de plus de 110.000 employés à travers le monde.

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