Michelin : bénéfice net à 1,68 milliard d'euros (-1,4%)

Michelin a dévoilé lundi un bénéfice net en très léger recul en 2018, mais a amélioré sa performance opérationnelle, résistant au ralentissement chinois et à la chute des devises de plusieurs pays émergents grâce à des hausses de prix.

Dans un contexte international difficile pour le secteur automobile, marqué par un recul du marché chinois en fin d'année, le manufacturier français de pneumatiques a vu son bénéfice net reculer de 1,4%, à 1,68 milliard d'euros.

Mais le résultat opérationnel des activités courantes (dit résultat opérationnel des secteurs) a légèrement progressé (+1,2%), à 2,77 milliards d'euros. A taux de change constant, il aurait même augmenté de 11%. La marge opérationnelle s'est améliorée à 12,6% des ventes.

Le groupe a stabilisé son chiffre d'affaires (+0,3%) à 22,03 milliards d'euros, grâce notamment à une croissance "toujours dynamique" de ses activités de spécialités (génie civil, agricole, deux roues, avions). Il a souligné également avoir gagné des parts de marché sur les pneumatiques automobiles haut de gamme (taille de 18 pouces et plus).

A taux de change constants, les ventes auraient progressé de 4,1%.

Ces résultats "confirment la forte discipline du groupe sur les prix", a commenté Jean-Dominique Senard, qui a exprimé son "émotion" et sa "fierté" en présentant pour la dernière fois le bilan annuel de Michelin, lors d'une conférence avec des analystes.

M. Senard a été nommé fin janvier président du conseil d'administration de Renault, en remplacement de Carlos Ghosn, incarcéré au Japon. Il doit céder en mai la présidence du groupe de pneumatiques.

"Les résultats du groupe sont formidables et ils vont continuer à l'être (...) Le potentiel de Michelin est quelquechose qu'on a du mal à mesurer, tant il est important", a-t-il affirmé.

- Amélioration des marges -

Michelin a affronté une hausse des coûts de matières premières en 2018. Il a subi en parallèle la baisse du dollar américain par rapport à l'euro et la chute de plusieurs devises de pays émergents (Brésil, Russie, Turquie, Argentine, Mexique, notamment) qui ont réduit ses recettes.

Mais il a réussi à compenser ces effets par des hausses de prix et une amélioration de ses marges unitaires qui a eu un impact positif de 286 millions d'euros sur ses profits.

Signe de la bonne santé de ses opérations, le groupe affiche un flux de trésorerie positif de 1,27 milliard d'euros.

"Nous avons été capables de compenser complètement le coût plus élevé de l'inflation", a commenté M. Senard.

"Dans un contexte marqué par la chute de la demande en Chine et la chute de la demande sur le marché des pneus de première monte", qui équipent les véhicules neufs, "notre performance confirme le bien fondé de notre stratégie qui repose sur une présence équilibrée sur les différents segments de marché du pneumatique", a-t-il ajouté.

Par secteur, les pneus pour l'automobile, qui représentent un peu plus de la moitié des ventes, ont en effet vu leur chiffre d'affaires reculer de 5%, dans un marché mondial stable sur l'année mais en baisse au deuxième semestre. La marge opérationnelle de cette activité a baissé de 0,7 points à 11,6% du chiffre d'affaires.

Mais ces reculs ont été compensés par les meilleures performances des pneus pour poids lourds et des pneus de spécialité, qui pèsent environ chacun pour un quart de l'activité.

Le chiffre d'affaires poids lourds a très légèrement baissé. Cependant, sa marge opérationnelle a progressé de 0,7 point à 8,8%.

Les ventes des pneus de spécialité ont bondi de 20%, avec une marge opérationnelle stable de 19,6%.

Pour 2019, le manufacturier a indiqué avoir pour objectifs "une croissance des volumes en ligne avec l'évolution mondiale des marchés, un résultat opérationnel des secteurs supérieur à celui de 2018 hors effet de change (...) et un flux de trésorerie positif de 1,45 milliard d'euros".

Florent Menegaux, le directeur général exécutif, qui prendra la succession de M. Senard, a reconnu que l'environnement était "incertain". Mais, rendant hommage aux résultats de son prédécesseur, il a promis que Michelin allait maintenir sa stratégie de stricte discipline sur les prix et les marges.

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