Marelli Argentan : crainte d'une délocalisation

Les salariés de l'équipementier automobile Marelli à Argentan (Orne) sont en grève depuis mardi, dénonçant une "stratégie de délocalisation" de leur production vers la Slovaquie.

Le groupe italo-japonais Marelli et son actionnaire majoritaire, le fonds de pension américain KKR, "ne souhaitent pas s'engager sur la pérennité de l'usine Marelli d'Argentan", accuse l'intersyndicale dans un communiqué diffusé vendredi.

Dans cette ancienne usine Solex, 186 salariés accompagnés d'intérimaires produisent des boîtiers papillons qui alimentent en air les moteurs à essence.

"Un ensemble de faits concordants nous ont alertés depuis quelques mois sur une stratégie de délocalisation de l'ensemble des productions de l'usine d'Argentan vers d'autres usines du groupe, principalement vers le site Marelli de Kechnec en Slovaquie. Ces faits pourraient entraîner, à très court terme, la fermeture de notre usine", poursuivent les représentantes du personnel.

Les syndicats indiquent notamment que l'usine slovaque a été agrandie et que de nouveaux outillages et de nouvelles lignes de production y ont été acquis pour produire les mêmes pièces qu'à Argentan.

Par ailleurs, l'usine normande a produit depuis le mois de juin une importante commande de pièces, stockées depuis sur une plateforme par le groupe en Italie: les syndicats craignent que ces pièces ne soient utilisées par le groupe pour traverser une grève.

La direction leur aurait répondu que les nouvelles lignes de production rentrent dans le cadre d'une "étude de faisabilité".

Jointe par l'AFP, la direction de Marelli n'a pas souhaité commenter l'information, indiquant être "en contact régulier avec le CSE et les syndicats" de l'usine normande.

Les salariés demandent le "transfert immédiat" des lignes en cours d'industrialisation de l'usine de Kechnec à Argentan, et l'engagement du groupe sur le maintien des effectifs et la pérennité du site.

Marelli, auparavant propriété du constructeur Fiat, a déjà fermé deux sites en France en vingt ans, à Amiens et à Nanterre. Touché par la cure d'austérité de son client Nissan, puis par les perturbations des chaînes d'approvisionnement, l'équipementier avait été placé en restructuration sous supervision judiciaire en juin 2022 au Japon.

Marelli compte deux autres usines en France, à Châtellerault (Vienne) pour la production de systèmes électroniques, et à Saint-Julien-du-Sault (Yonne) pour des phares arrières.

© 2023AFP