Marché automobile: la fracture entre ville et campagne

Un fossé dans le rapport à l'automobile est en train de se creuser entre villes et campagnes, entre générations mais aussi entre des pays aux réglementations de plus en plus divergentes, révèle une étude publiée mardi.

Etude Cetelem complète ci-dessous

Intitulée, "la fracture automobile", l'étude de l'Observatoire Cetelem, fait écho à l'anniversaire du mouvement des gilets jaunes, démarré il y a un peu plus d'un an par une révolte contre la hausse des prix du carburant dans une France rurale où la voiture reste au coeur des modes de déplacement.

L'enquête, conduite auprès de 3.000 personnes en France, et 10.000 personnes en tout dans 15 pays sur cinq continents, souligne qu'un fossé se creuse "entre ceux pour qui la voiture reste indispensable pour se déplacer au quotidien et ceux qui ont accès à des moyens de transports alternatifs".

En France, "seuls 32% des automobilistes des petites villes (moins de 20.000 habitants) déclarent avoir pu renoncer à faire des trajets en voiture en raison des prix du carburant contre 67% dans les métropoles (plus d'un million d'habitants)", selon cette étude réalisée du 30 août au 20 septembre.

En réalité, il n'existe pas une fracture, mais plusieurs et "elles ont tendance à se creuser", a expliqué à l'AFP Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'Automobile, une structure d'étude et de veille économique de la banque BNP Paribas.

Selon lui, le principal enseignement pour les constructeurs automobiles est que leur marché "se complexifie énormément" et qu'ils "devront répondre de plus en plus à des demandes très différentes", en proposant par exemple des nouveaux services de mobilité dans les grands agglomérations tout en continuant à vendre et fabriquer des voitures de façon classique.

Parmi les habitants des métropoles, 13% des Français interrogés indiquent faire du covoiturage et 12% de l'autopartage plusieurs fois par mois, contre respectivement 7% et 3% en zone rurale.

"Ce sont deux mondes qui ne se comprennent pas", estime M. Neuvy. "D'un côté, elle est vue sous le prisme de tous ses inconvénients, congestion, pollution, avec en face des offres de mobilités alternatives très puissantes, et de l'autre elle est vue comme un outil de liberté, de mobilité, indispensable pour vivre".

A la fracture territoriale, s'ajoute une fracture générationnelle. "Sur toutes les formes de nouvelles mobilités, les jeunes (moins de 35 ans) ont une ouverture d'esprit plus forte que les plus de 55 ans qui sont très attachés à leur voiture individuelle", explique Flavien Neuvy, en soulignant que l'âge moyen de l'acheteur d'automobile neuve en France est justement d'environ 55 ans.

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