Malgré le "dieselgate", FCA confirme ses objectifs 2018

Fiat Chrysler, accusé d'avoir dissimulé l'existence d'un logiciel susceptible d'affecter le niveau des émissions polluantes de 104.000 véhicules aux Etats-Unis, a confirmé vendredi ses objectifs 2018, niant toute fraude, mais l'affaire pourrait affecter ses résultats, selon des analystes.

"Nous confirmons les objectifs du plan, cette affaire n'aura pas d'impact sur nos programmes", a affirmé le patron de FCA, Sergio Marchionne.

Pour 2018, le constructeur italo-américain table notamment sur un chiffre d'affaires de 136 milliards d'euros (contre 113 milliards en 2015) et un bénéfice net ajusté de 4,7 à 5,5 milliards d'euros (contre 2 milliards en 2015).

"Nous discuterons dans les prochains jours avec les autorités américaines des propositions pour notre plan d'homologation 2017. Si elles étaient acceptées, les nouvelles règles pourraient aussi servir à résoudre les problèmes légaux sur les modèles de la période 2014-2018", a estimé M. Marchionne.

Fiat Chrysler est accusé d'avoir violé les lois américaines sur la pollution de l'air en dissimulant l'existence d'un logiciel équipant 104.000 véhicules aux Etats-Unis.

Le constructeur a installé le logiciel controversé sur des modèles Jeep Cherokee et Dodge Ram 500, fabriqués entre 2014 et 2016, et n'en aurait pas informé les autorités comme la loi l'y oblige.

Selon l'agence californienne de l'environnement (Carb), les véhicules équipés de ces "auxiliaires d'émission" rejettent un niveau "accru" d'oxyde d'azote (NOx), un gaz tenu pour responsable de nombreuses affections respiratoires.

Selon l'agence environnementale américaine (EPA), FCA encourt des pénalités civiles jusqu'à 4,6 milliards de dollars. L'agence assure toutefois qu'elle va continuer à enquêter sur "l'impact et la nature" du mécanisme et se garde pour le moment de parler d'un "logiciel truqueur" comme chez Volkswagen.

"Nous n'avons pas commis de fraude. Notre cas n'est en rien comparable à celui de Volkswagen", a martelé M. Marchionne, en défendant "la moralité" du constructeur. "Volkswagen a mis en place un dispositif qui était en mesure de distinguer quand la voiture se trouvait en test ou sur route. Notre logiciel se comporte toujours de la même façon".

- Accusations en Allemagne -

"Nos moteurs diesel sont réalisés surtout par des techniciens européens qui sont habitués aux normes européennes. Il est possible que cela ait créé des problèmes", a-t-il estimé, ajoutant: "je ne crois pas que ce soient des questions insurmontables".

Les accusations de l'EPA ont plombé jeudi le titre Fiat qui a perdu plus de 16% à Milan et 10% à Wall Street. Mais vendredi, il a rebondi sur la place financière italienne, gagnant 4,61% à 9,185 euros.

"Le cas est différent de celui de Volkswagen (qui a admis l'existence d'un logiciel frauduleux) et de moindre ampleur (100.000 véhicules contre 500.000)", soulignent les analystes d'Equita.

S'il est difficile de faire des pronostics sur les possibles conséquences financières pour FCA, l'indication d'une possible amende de 4,6 milliards de dollars semble "excessive", estiment-ils.

Les experts de Banca Akro notent aussi que Volkswagen n'a lui-même payé qu'un cinquième de l'amende initiale, et tablent donc sur 915 millions de dollars pour FCA. Quant au coût de substitution des logiciels, il pourrait s'élever à 2,87 milliards.

Les analystes de Citigroup sont eux plus pessimistes, estimant que l'amende pourrait atteindre 3,3 milliards d'euros.

Et les experts d'UBS soulignent que FCA n'a pas les mêmes ressources que Volkswagen pour payer, ayant une dette nette de 6 milliards d'euros contre une trésorerie nette de quelque 30 milliards pour l'allemand. Ils ajoutent qu'une telle amende "mettrait encore plus en danger l'objectif ambitieux de FCA d'une trésorerie nette de 4-5 milliards d'ici 2018".

D'autres facteurs ne sont pas à négliger: "des actions de groupe ne peuvent pas être exclues; les ventes des modèles diesel aux Etats-Unis pourraient souffrir; les hypothèses de consolidation sont suspendues jusqu'à ce que la question soit résolue" et l'Allemagne "reviendra à la charge", détaillent les experts d'Equita.

Berlin a envoyé cet été une lettre à la Commission européenne dénonçant l'utilisation par FCA d'un dispositif illégal concernant les émissions polluantes.

Un risque de contagion n'est pas exclu: Londres a ainsi demandé vendredi des informations supplémentaires à l'EPA, tandis qu'une porte-parole de la Commission qualifiait d'"inquiétantes" ces allégations et indiquait que la Commission travaillerait "pour établir les faits et ses potentiels implications sur les véhicules vendus dans l'UE".

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