M. Macron "s'est engagé à mettre en place une cellule de crise à l'Elysée, d'ores et déjà opérationnelle, qui va travailler activement à organiser les conditions de la reprise, et à laquelle vont être associés les salariés", a annoncé aux employés et à la presse un élu CGT du personnel, à l'issue d'une rencontre d'une bonne heure avec le chef de l'Etat, à la sous-préfecture de Bellac (Haute-Vienne).
Cette réunion a également convenu d'une nouvelle rencontre vendredi prochain à Bercy avec le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, les constructeurs automobiles PSA et Renault (principaux clients de GM&S), et des représentants des 277 salariés, pour un point sur le dossier, a-t-il ajouté.
Avant la réunion de Bellac, le chef de l'Etat, en Limousin pour un déplacement consacré à la ruralité et l'agriculture, avait reçu un accueil musclé --huées, cris, sifflets-- de salariés de GM&S présents aux abords de la sous-préfecture, mais avait dialogué avec eux.
"On fait le maximum", avait-il ainsi répondu à deux femmes, dont une employée de GM&S, qui réclamaient "du concret", lors d'un bref échange au milieu d'une meute de micros et de caméras, sur fond de fumigènes et de cornes de brume. Une scène qui rappelait la rencontre de M. Macron avec les ouvriers de Whirlpool à Amiens fin avril lors de la campagne présidentielle.
"Madame, je ne suis pas le Père Noël, le concret, on le fera ensemble", a répliqué le chef de l'Etat, insistant toutefois: "Je vous promets qu'on fera le maximum"
"C'est une région qui va mourir M. Macron !", l'a interrompu un homme, évoquant les principaux donneurs d'ordres de GM&S, les constructeurs Renault et PSA, qui "gagnent des milliards".
"Ca n'est pas que ça la solution", a alors observé le président qui a promis de suivre ce dossier au-delà des élections législatives. "Je suis élu pour cinq ans", a-t-il fait remarquer. Mais "je compte sur vous aussi pour que, sur la base des solutions négociées, on y arrive", a-t-il enchaîné.
Emmanuel Macron s'est aussi défendu de se réfugier derrière son entourage et sa protection. "J'aurais pu vous laisser derrière des grillages, je ne l'ai pas fait" et "j'ai toujours procédé ainsi (...) je ne me suis jamais caché", a-t-il fait valoir dans une allusion avec sa rencontre avec les ouvriers de Whirlpool en avril.
Puis le président s'est enfermé peu avant 20 heures avec les représentants des salariés en sous-préfecture. Il en est ressorti peu après 21H00 sans faire de déclaration.
Le CGTiste de GM&S Vincent Labrousse, a également rapporté, à l'issue de la réunion, que le chef de l'Etat "s'est engagé a contacter lui-même plusieurs partenaires et repreneurs potentiels, en plus de GMD". Leader français de l'emboutissage, GMD a fait à ce jour une lettre d'intention pour une reprise qui porterait sur le maintien de 110-120 emplois, un seuil inacceptable pour le personnel.
GM&S Industry, deuxième employeur privé du département de la Creuse avec ses 277 salariés, est en redressement judiciaire depuis décembre --son troisième redressement en huit ans après le passage furtif de repreneurs successifs.
L'entreprise n'a fait pour l'heure l'objet d'aucune offre ferme de reprise, à deux semaines d'une audience, le 23 juin au tribunal de commerce de Poitiers, qui pourrait sceller sa liquidation.
Les salariés restent "déterminés" à faire pression sur PSA et Renault, et l'Etat leur actionnaire, pour garantir un volume de commandes, donc un chiffre d'affaires, susceptible d'embellir une offre de reprise. C'est en ce sens qu'ils avaient demandé à rencontrer en urgence le président Macron à l'occasion de son déplacement en Haute-Vienne, voisine de la Creuse.
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