L'usine Alpine de Dieppe officiellement inaugurée

"L'avenir de notre industrie est dans le haut de gamme", a lancé jeudi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, en inaugurant à Dieppe la ligne de production de l'Alpine A110, nouveau modèle sportif aux ambitions "premium" de Renault.

Vêtu du bleu de travail des salariés d'Alpine, tout comme le PDG du constructeur français Carlos Ghosn qui le recevait dans l'usine normande, le ministre a coupé en milieu d'après-midi un ruban tricolore devant le châssis en aluminium d'un véhicule en cours de fabrication.

"Je veux refermer la page de la désindustrialisation française", a affirmé M. Le Maire, lié à la Normandie en tant qu'ancien député de l'Eure. Il a pris des accents patriotiques pour vanter le "made in France" et la réussite de Renault, qui a accédé sur le premier semestre au premier rang des constructeurs mondiaux grâce à son alliance avec Nissan.

Dans la petite usine de Seine-Maritime, les ouvriers assemblent, comme dans un mécano, les pièces du châssis du nouveau modèle, entièrement en aluminium pour gagner du poids. Seuls quelques robots sont là, pour poser par exemple certains rivets.

En bout de chaîne, les premières A110, à la robe bleue alpine rutilante, sont déjà exposées. "Aujourd'hui nous sommes prêts, les premiers modèles vont sortir", a déclaré Carlos Ghosn.

La renaissance d'Alpine, annoncée en 2012, a nécessité un investissement de 36 millions d'euros à Dieppe, berceau de la marque mythique créée en 1955 par un concessionnaire Renault, Jean Rédélé. Le site de 76.000 m2, créé en 1969, fabrique aussi les Clio RS, petites sportives de la marque au losange.

Alpine avait été rachetée par Renault en 1973, année où la "berlinette" A110, l'ancêtre du modèle actuel, était devenue championne du monde des rallyes. Mais la marque avait été mise en sommeil en 1995.

"C'est une fierté" de travailler ici, assure Ahmed Moussaoui, chef d'unité retouche finition, interrogé par l'AFP. "La priorité ici c'est la qualité, on ne fait pas du volume", explique cet intérimaire, qui a travaillé sur plusieurs autres sites de Renault en France.

La relance de la marque a déjà créé 151 emplois sur un site qui emploie désormais 392 personnes.

 

Un rêve de gosse

L'Alpine A110 est un coupé sportif, biplace, qui se veut léger et agile. Dotée d'un moteur quatre cylindres turbo de 1,8 litre, d'une puissance de 252 chevaux, il permet d'accélérer aussi fort qu'une Porsche 911 Carrera.

Après avoir vendu en trois jours 1955 exemplaires d'une série limitée en décembre 2016, Renault a ouvert les commandes de l'A110 en début d'année 2017. Depuis, le groupe assure avoir engrangé "plusieurs milliers de réservations".

Son tarif catalogue est pourtant de 58.500 euros, clairement au dessus des modèles habituellement distribués par le groupe (qui inclut Dacia, Lada, Samsung Motors en Corée, outre le partenariat avec Nissan). L'A110 vient concurrencer notamment les Porsche 718 Cayman, Alfa Romeo 4C et Lotus Elise.

Renault n'a pas communiqué d'objectifs de ventes, mais la capacité de production de la petite usine de Dieppe est limitée à quelques milliers d'unités par an. Actuellement, cinq voitures sont produites chaque jour, mais la cadence doit monter à terme jusqu'à 30 unités quotidiennes.

L'objectif affiché n'est pas de faire de gros volumes, mais plutôt d'effectuer une percée sur un segment "premium" en pleine expansion au niveau mondial et dégageant de fortes marges.

Cela doit permettre au groupe de gagner en image, dans un premier temps. Si le succès est au rendez-vous, Alpine pourrait par la suite se développer comme marque premium du groupe Renault, avec une gamme de véhicules.

"Je viens avant tout ici comme un gosse qui a rêvé sur Alpine quand il avait 10 ou 12 ans" a confié jeudi Bruno Le Maire. Evoquant ses propres enfants, il s'est dit heureux qu'à leur tour, "ils rêvent sur une voiture qui s'appelle Alpine" plutôt que sur des voitures étrangères.

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