L'Iran dénonce "l'étranglement américain" devant la Cour internationale (+video)

Téhéran a demandé lundi à la Cour internationale de Justice (CIJ) de suspendre les sanctions américaines, dénonçant "l'étranglement" de Washington qui cherche à nuire "sévèrement" à l'économie iranienne.

En ouverture d'une procédure engagée par l'Iran devant la CIJ pour demander la levée des sanctions, la délégation iranienne a plaidé pour un traitement avec une "urgence extrême" de l'affaire au vu des "conséquences dramatiques" sur son économie.

Les sanctions comprennent des blocages sur les transactions financières et les importations de matières premières, ainsi que des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l'aviation commerciale.

"Les États-Unis propagent publiquement une politique visant à nuire le plus sévèrement possible à l'économie iranienne", a fustigé l'agent de la délégation iranienne et conseiller juridique Mohsen Mohebi, alors que le rial iranien a perdu environ la moitié de sa valeur depuis avril.

Lors des audiences, qui doivent durer quatre jours, la République islamique demandera à la Cour basée à La Haye de stopper temporairement les sanctions, avant que les juges de l'organe judiciaire principal de l'ONU se prononcent ultérieurement sur le fond de l'affaire.

 

"Agression flagrante"

La réimposition des sanctions américaines annoncée par Donald Trump "n'est rien d'autre qu'une agression économique flagrante contre mon pays", a déclaré M. Mohebi, ajoutant que "l'Iran opposera la plus forte résistance à l'étranglement économique américain, par tous les moyens pacifiques".

"L'objet affirmé de l'action américaine est d'étouffer l'économie iranienne en quelques mois seulement en mettant en oeuvre une campagne déterminée", a insisté Jean-Marc Thouvenin, professeur à l'Université de Nanterre.

En mai, le président américain a retiré son pays de l'accord sur le nucléaire, signé par l'Iran et les grandes puissances en 2015. L'Iran s'y engage à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique.

Ce retrait a marqué le rétablissement de sanctions américaines sévères envers la République islamique, jusque-là suspendues en vertu de l'accord international.

N'ayant "pas eu d'autre choix que de saisir la CIJ après avoir cherché en vain une solution diplomatique", Téhéran a engagé une procédure en juillet souhaitant "mettre fin sans délai" à ces mesures, a poursuivi M. Mohebi.

 

Traité d'amitié

L'Iran affirme que les actions des Etats-Unis sont des "violations flagrantes" des dispositions du traité américano-iranien de 1955, qui prévoit des "relations amicales" entre les deux nations et encourage les échanges commerciaux.

Pourtant, l'Iran et les États-Unis n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980.

La CIJ devrait statuer sur la fin provisoire des sanctions exigée par l'Iran dans les deux mois suivant le début des audiences. Mais une décision finale dans l'affaire pourrait prendre des années.

Selon les experts, les Etats-Unis devraient plaider mardi l'incompétence de la CIJ dans cette affaire.

Les premières sanctions américaines, qui ont été lancées début août, seront suivies en novembre d'autres mesures affectant le secteur pétrolier et gazier, qui tient un rôle capital dans l'économie iranienne.

Plusieurs compagnies internationales, dont le français Total et l'allemand Daimler ainsi que les compagnies aériennes British Airways et Air France, ont déjà communiqué la fin de leurs activités en Iran.

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