l'Inflation Reduction Act critiqué devant l'OMC

Washington a fait face à de nouvelles critiques visant ses subventions "vertes" mercredi devant l'Organisation mondiale du commerce, l'Union européenne, le Royaume-Uni et d'autres pays avertissant qu'elles risquaient de bouleverser les chaînes d'approvisionnement mondiales.

Ces préoccupations ont été soulevées au cours de la première journée de l'examen de la politique commerciale des Etats-Unis, un processus auquel sont régulièrement soumis les 164 membres de l'OMC.

Les principaux alliés de Washington en Europe ont exprimé leur soulagement face à l'amélioration des relations commerciales après quelques "années compliquées".

Mais Joao Aguiar Machado, ambassadeur de l'UE auprès de l'OMC, a déclaré que le bloc continuait d'avoir "de sérieuses inquiétudes quant à l'impact de certaines politiques américaines sur le commerce", avertissant "qu'il continu(ait) d'y avoir de fortes tendances au repli sur soi dans la politique commerciale américaine, favorisant les intérêts sectoriels nationaux".

Il a souligné l'adoption récente de la loi historique de Washington sur la réduction de l'inflation, qui prévoit 420 milliards de dollars d'investissements dont une part importante sous forme de subventions et de réductions d'impôts, en particulier pour les véhicules électriques, les batteries et les projets d'énergies renouvelables qui favorisent le "made in USA".

Plusieurs dirigeants européens, dont le président français Emmanuel Macron, ont averti que les subventions incitaient les entreprises européennes à des délocalisations aux Etats-Unis.

M. Machado a averti que bon nombre des subventions prévues dans la loi faisaient pencher la balance du jeu en faveur des producteurs américains dans les secteurs technologiques clés, y compris, mais sans s'y limiter, le secteur automobile.

"Certains éléments de la législation, tels que les subventions qui dépendent de l'utilisation de biens nationaux et de la production nationale, sont discriminatoires et doivent être conciliés avec les obligations des Etats-Unis dans le cadre de l'OMC", a-t-il averti.

Ses préoccupations ont été reprises par plusieurs autres membres, dont le Royaume-Uni et le Japon.

L'ambassadrice américaine à l'OMC, Maria Pagan, a affirmé que les subventions étaient nécessaires dans la lutte contre le changement climatique.

"Nous n'atteindrons pas nos objectifs climatiques sans une action audacieuse pour promouvoir de nouveaux investissements majeurs dans les technologies d'énergie propre, en particulier des incitations à la production de véhicules électriques et à leur adoption", a-t-elle déclaré lors du forum.

Plus tôt, le chancelier allemand Olaf Scholz avait assuré que l'Union européenne resterait unie face aux Etats-Unis concernant leur plan climat jugé contraire aux règles de l'OMC par les Européens.

© 2022AFP