Limitations de vitesse à 80 km/h: 40MA lance une pétition

Lundi 11 décembre 2017, la Sécurité routière révèlait que la mortalité routière a augmenté de 8,9% en novembre 2017 par rapport à novembre 2016. À cette occasion et pour la première fois, le Premier ministre Édouard PHILIPPE s'est dit publiquement favorable à la baisse des limitations de vitesse de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire. L'association 40MA s'oppose fermement à cette mesure qu'elle estime inefficace.

L'association « 40 millions d'automobilistes » appelle les usagers à signer sa pétition en ligne www.nonalabaissedeslimitationsdevitesse.com

La rumeur d'une baisse généralisée de la limitation de vitesse à 80 km/h avait refait surface le 1er décembre dernier, et bien que l'information n'était pas officiellement confirmée, l'association « 40 millions d'automobilistes » estimait déjà que la menace était réelle pour les usagers.

Aujourd'hui, le doute n'est plus permis : à l'occasion d'un déplacement sur une opération de sécurité routière, le Premier ministre E. PHILIPPE a déclaré vouloir « faire de la sécurité routière une véritable priorité » et s'est dit « favorable aux 80 km/h sur les routes bidirectionnelles nationales et départementales », considérant que « la vitesse est un facteur très fortement aggravant de l'occurrence et de la gravité des accidents ».

Un théorème archaïque et infondé

En 2013 déjà, Manuel VALLS, alors ministre de l'Intérieur, considérait que cette mesure permettrait de « sauver 450 vies ». Pour soutenir cette allégation, le Ministre invoquait le « théorème de Nielsson » selon lequel une réduction de 1% de la vitesse permettrait une réduction de 4% de l'accidentalité.

« Or, ce théorème est complétement faux ! Il suffit de regarder ce qu'il se passe chez nos voisins pour s'en convaincre : les Britanniques roulent à 97 km/h et ont moins d'accidents ; les Allemands à 100 km/h et dénombrent moins de tués sur les routes. Pourquoi faut-il toujours que la France se pose en exception et n'agisse en matière de sécurité routière que par la répression et la sanction ? On voit bien que cela ne fonctionne pas » rappelle Daniel QUÉRO, président de « 40 millions d'automobilistes ».

Les résultats de l'expérimentation gardés sous silence

Face à l'impopularité de la mesure (d'après un sondage Le Parisien / Aujourd'hui en France, en avril 2015, 74% des Français étaient opposés aux 80 km/h sur le réseau secondaire), seule une expérimentation réduite de la baisse de la limitation de vitesse a été décidée en France, sur 3 portions de routes, d'une longueur totale de 81 km/h. Mais alors que cette expérimentation est maintenant achevée depuis plusieurs mois, aucun bilan n'en a été publié.

« Ce silence de la part du Gouvernement et des autorités est intolérable, et nous laisse plus que perplexes quant aux résultats mesurés sur ces tronçons-tests. Il y a fort à parier que rien de concluant n'est sorti de cette expérimentation et que le travail de communication qui est réalisé aujourd'hui par le Premier ministre vise à endormir l'opinion publique avant de faire passer la mesure en force d'ici quelques semaines. Cette façon de procéder est scandaleuse » s'indigne Pierre CHASSERAY, délégué général de l'association, qui sera demain, mardi 12 décembre, en Haute-Saône pour rencontrer le Préfet et tenter d'obtenir des informations sur les résultats de l'expérimentation.

L'association « 40 millions d'automobilistes » regrette bien évidemment les mauvais chiffres de l'accidentalité routière de ces dernières années et estime qu'il est de devoir de chacun d'œuvrer pour plus de sécurité. « Il semble donc que l'on se dirige vers une décision politique plus que rationnelle, mais on n'arrivera à rien tant que nos décideurs politiques n'auront pas compris qu'il faut davantage travailler sur le comportement des usagers et sur les véritables causes des accidents, comme l'alcoolémie au volant et les stupéfiants. À cette fin, nous avons adressé au Président de la République et au Premier ministre notre Livre blanc pour la sécurité routière 2017-2022 détaillant 21 propositions à mettre en œuvre pour inverser la courbe de la mortalité routière » conclut Daniel QUÉRO.

La pétition en ligne www.nonalabaissedeslimitationsdevitesse.com est toujours accessible aux automobilistes qui souhaitent exprimer leur désapprobation ; elle compte déjà plus de 400 000 signataires.