Libre-échange : Trump savoure la signature de l'USMCA

Après d'âpres négociations, les Etats-Unis, le Mexique et le Canada ont signé officiellement vendredi un nouveau traité de libre-échange, une victoire pour Donald Trump qui avait fait voler en éclats un précédent accord en vigueur depuis plus de vingt ans.

"C'est un modèle d'accord de libre-échange qui va changer le paysage commercial pour toujours", s'est félicité le président américain, présent à Buenos Aires aux côtés de ses homologues mexicain et canadien, pour cette cérémonie juste avant le début officiel du sommet du G20.

Le locataire de la Maison Blanche s'est ensuite félicité, sur Twitter, des "bonnes critiques sur l'USMCA", acronyme anglais du nouvel Accord Etats-Unis, Mexique et Canada (AEUMC), sans apporter plus de précisions.

"Teeellement meilleur que l'Aléna" (sic), a-t-il poursuivi, en référence à l'accord de libre-échange qui unissait depuis 1994 ces trois pays.

Bien moins enjoué, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a estimé que le nouvel accord allait remédier à la menace "d'une sévère instabilité économique" qui "aurait été beaucoup plus dommageable".

Tout en soulignant le caractère "historique" de ce texte, Justin Trudeau en a profité pour faire passer un message à Donald Trump à propos des taxes douanières imposées par les Etats-Unis sur l'acier et l'aluminium canadiens depuis le 1er juin.

Cette avancée "(nous donne) encore plus de raisons de continuer à travailler afin de lever les taxes douanières sur l'acier et l'aluminium entre nos deux pays", a taclé le Canadien.

La conclusion de ce traité, le 30 septembre, avait placé Justin Trudeau dans une position politique délicate. Il avait ainsi été très critiqué par les éleveurs laitiers et les métallurgistes, qui accusent le gouvernement de les avoir "vendus".

 

Sceau de la présidence américaine

Le Canada a accepté d'assouplir son marché laitier pour les producteurs américains, en échange notamment du maintien du système d'arbitrage des litiges commerciaux.

Washington et Ottawa se sont également mis d'accord pour que le nouveau traité commercial contienne un chapitre sur l'environnement, une première depuis la création de l'Aléna en 1994, et conserve l'exception culturelle canadienne chère au gouvernement Trudeau.

De son côté, le président mexicain sortant Enrique Peña Nieto, dont c'est le dernier jour au pouvoir, a estimé que l'AEUMC renforçait l'image "d'une Amérique du Nord plus intégrée et avec la ferme conviction qu'ensemble nous sommes plus forts et plus compétitifs".

Pour Donald Trump, dont le voyage en Argentine est assombri par l'enquête en cours aux Etats-Unis sur une possible collusion avec Moscou pendant la campagne présidentielle américaine, la signature de ce nouveau traité sonne comme une victoire.

D'autant que pendant la cérémonie officielle de signature, les trois dirigeants s'exprimaient derrière des pupitres arborant le sceau de la présidence américaine. Et Donald Trump était placé au centre du trio.

Autre détail qui souligne les crispations entre les parties, chacun des trois pays a rebaptisé le traité en se plaçant en tête de l'acronyme: USMCA pour les Etats-Unis, TMEC (Traité Mexique-Etats-Unis-Canada) pour le Mexique et CUSMA (Canada-United States-Mexico Agreement, en anglais) pour le Canada.

Avec le style musclé qui le caractérise, Donald Trump avait forcé ses partenaires à la renégociation de l'Aléna qu'il jugeait désastreux pour l'économie américaine, estimant qu'il avait fait perdre des millions d'emplois au secteur manufacturier américain, en particulier dans l'automobile.

L'un des volets les plus importants du nouveau texte concerne le secteur automobile. L'AEUMC prévoit des règles incitant à se fournir en matériaux et composants aux Etats-Unis. Il prévoit aussi une provision forçant le Mexique à augmenter les salariés du secteur pour réduire les écarts avec les voisins du Nord, mieux payés.

Les trois pays avaient annoncé avoir trouvé un accord le 30 septembre après un marathon de discussions entamé début septembre 2017.

© 2018AFP