Liberty va reprendre St-Jean Industries Alu et Fonderies du Poitou

La justice a validé vendredi la reprise par le britannique Liberty House de deux équipementiers automobiles de Vienne, Saint-Jean Industries Alu et Fonderies du Poitou, ouvrant la voie au maintien de plus de 600 des quelque 800 emplois sur place.

Le tribunal de commerce de Lyon a validé vendredi la reprise par Liberty House, filiale métallurgie du conglomérat GFG Alliance de l'industriel britannique Sanjeev Gupta, de l'usine de Saint-Jean Industries Alu, basée à Ingrandes-sur-Vienne (Vienne), a-t-on appris de source syndicale et patronale.

Cette décision ouvre la voie à un Plan de Sauvegarde de l'Emploi (PSE) qui doit permettre, s'il est validé la semaine prochaine, de sauvegarder 295 emplois des 331 que compte l'usine actuellement.

"Ca nous permet de voir l'avenir plus sereinement", a indiqué à l'AFP Jean-Philippe Juin, délégué CGT à Saint-Jean Industries, ajoutant espérer désormais que Liberty House "tienne ses engagements et diversifie l'activité" aujourd'hui majoritairement "soumise au diktat de Renault".

Liberty House a ensuite annoncé dans un communiqué que le tribunal de commerce de Poitiers avait pour sa part validé sa reprise d'une seconde usine, Fonderies du Poitou Fonte (FPF), mitoyenne de Saint-Jean Industries.

Les deux unités, qui appartenaient autrefois à Renault et étaient jusqu'ici aux mains de deux propriétaires différents, faisaient face à des difficultés depuis plus d'un an, sont toutes deux en redressement judiciaire et emploient environ 800 personnes.

Pour FPF, Liberty House propose de reprendre 328 salariés sur 401 actuellement, 73 postes faisant l'objet d'un plan de départs volontaires, avait indiqué à l'AFP mercredi Frédéric Vaucelle, secrétaire CGT du Comité social et économique.

Seul repreneur encore en lice, Liberty House avait signé le 19 avril un accord avec Renault sur une garantie de volumes de commandes des quatre prochaines années, et sur l'amiante présente dans les deux sites.

Selon les syndicats, 95% de la production de Saint-Jean Industries Alu consiste en culasses pour Renault, qui représente 68% de la clientèle de FPF, dont la production de blocs moteurs pâtit de la crise du diesel.

Les deux entreprises, selon le repreneur, "seront désormais connues sous le nom de Liberty Engineering Poitou, intégrant Liberty Aluminum Technologies Poitou, et Liberty Cast Products Poitou".

Douglas Dawson, PDG de Liberty Industries, a salué "un grand jour pour les entreprises et pour notre groupe". Ces acquisitions, souligne Liberty, "font partie intégrante de la stratégie de GFG pour étendre et diversifier sa présence sur le marché français de l'automobile et continuer à mettre en évidence son rôle d'acteur industriel majeur en France".

Cette double acquisition permet aussi à GFG "de mettre en oeuvre sa stratégie d'acquisition d'actifs qui lui donnent une plate-forme pour assurer la croissance future des systèmes de traction écologiques, utilisés dans les véhicules électriques, qui nécessiteront des quantités toujours plus importantes d'aluminium".

Malgré le spectre du Brexit, Liberty House a multiplié ces derniers mois les acquisitions en France, dont l'usine Aluminium Dunkerque (du géant minier Rio Tinto), le fabricant de jantes AR Industries à Châteauroux, et le carrossier Durisotti et ses sites de Sallaumines (Pas-de-Calais), Agen (Lot-et-Garonne) et Metz (Moselle).

"Le déclin industriel de la France est très clair, c'est le moment de réindustrialiser", expliquait Sanjeev Gupta à l'AFP à Londres en février. Pour lui, les industries ont besoin "de technologies, d'une main d'oeuvre éduquée et qualifiée plus accessible dans les pays développés (...) Je ne crois pas que le secteur industriel va plier bagage vers l'Orient".

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher, ont dans un communiqué salué les reprises validées. Disant "compter désormais sur Liberty House", ils assurent qu'ils seront "particulièrement vigilants à la bonne application des volets social et industriel du projet de reprise".

"C'est une victoire, une issue positive, or il y a quelques mois, on n'était pas dans ces dispositions d'esprit", a déclaré Mme Pannier-Rusacher, présente vendredi à Ingrandes. Mais "il faut pas s'arrêter à ce qu'on a construit aujourd'hui. C'est un socle, il faut construire la suite".

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